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« Un contrat de la chance » : ces demandeurs d’emploi qui rebondissent grâce à la réforme à Angers

Depuis le 1er janvier 2025, la loi pour le plein emploi transforme l’accompagnement des demandeurs d’emploi en renforçant les liens entre entreprises et structures d’insertion. Tous les publics concernés – bénéficiaires du RSA, jeunes, travailleurs handicapés – sont désormais inscrits à France Travail pour un suivi personnalisé. Dans le Maine-et-Loire, où le dispositif est déjà bien ancré, le Novotel d’Angers illustre cette réussite avec plusieurs embauches en CDI grâce aux immersions professionnelles.
Un cadre renforcé pour favoriser l’insertion
La loi pour le plein emploi repose sur un principe clé : une coopération renforcée entre tous les acteurs de l’emploi et de l’insertion. Philippe Chopin, préfet du Maine-et-Loire, souligne que « l’insertion est le mot clé de cette réforme ». Son objectif est d’assurer un accompagnement plus efficace en permettant aux entreprises de recruter des profils adaptés à leurs besoins, tout en soutenant les demandeurs d’emploi vers un retour durable à l’activité.
L’une des évolutions majeures du dispositif est l’inscription automatique à France Travail de toutes les personnes en recherche d’emploi, y compris les bénéficiaires du RSA et leurs conjoints, les jeunes suivis par les missions locales et les travailleurs handicapés. Cette approche ne vise pas à augmenter artificiellement le nombre de chômeurs, mais à garantir que tous ceux qui peuvent bénéficier d’un accompagnement y aient accès.
Le Novotel, un exemple à suivre
Dans le Maine-et-Loire, le Novotel d’Angers Lac de Maine se distingue comme un modèle de réussite. L’établissement a recruté quatre nouveaux employés en CDI à temps plein grâce aux immersions professionnelles. « De plus en plus de personnes intègrent l’entreprise sans parcours en hôtellerie, grâce à la loi pour le plein emploi et au développement des immersions professionnelles », explique Gabriel Nachez, directeur général du Novotel.
Ce dispositif permet aux entreprises d’accueillir des candidats en phase de découverte et de formation d’un nouveau métier, tout en évaluant leurs compétences. Le préfet rappelle que « l’immersion existait avant, mais elle va être mise de plus en plus en avant et en place », afin d’offrir davantage d’opportunités aux demandeurs d’emploi.
Des parcours de reconversion réussis
Denis Coutant, aujourd’hui agent polyvalent de maintenance au Novotel, est un parfait exemple de l’impact positif de cette réforme. Ancien chaudronnier-soudeur, il a dû arrêter son métier après 30 ans de carrière en raison de problèmes de santé, obtenant même le statut de travailleur handicapé. Grâce à l’accompagnement de sa conseillère France Travail, Mélanie Cholet-Oger, il a découvert une opportunité en immersion au Novotel. « C’est un contrat de la chance », témoigne-t-il. Après une courte formation, il a rapidement gagné la confiance de son employeur. « Mon handicap n’a jamais été un sujet, car il n’est pas gênant pour la maintenance douce que je fais ici. »
Yamouni Boutletis, lui, est encore en période de stage mais a déjà une promesse d’embauche en CDI dès mars comme plongeur en restauration. Ancien ouvrier du BTP, il a connu des années d’emplois précaires après un licenciement en 2015. « Les boîtes d’intérim te disent qu’après 50 ans, ton dossier est mis en bas de la pile », confie-t-il. Inscrit au RSA, il a bénéficié du soutien de France Travail, qui l’a orienté vers cette opportunité. « Des métiers se sont découverts à eux », résume Gabriel Nachez, convaincu du potentiel de ces immersions.
Un accompagnement sur mesure dans le Maine-et-Loire
Les résultats sont encourageants. Nooruddine Muhammad, conseiller départemental délégué à l’insertion, rappelle que « cette loi prolonge des actions déjà mises en place dans le Maine-et-Loire. » Le département affiche un taux de retour à l’emploi des bénéficiaires du RSA de 8 %, contre 5 % à l’échelle nationale. « Nous devons nous assurer que tous les ayants droit puissent bénéficier de cet accompagnement », insiste-t-il, tout en saluant les entreprises qui « jouent le jeu. »
Muriel Filippi, directrice adjointe de la DDETS, précise que les antennes locales de France Travail s’adaptent aux besoins spécifiques de chaque territoire. « Les groupes de travail mis en place à Saumur ou à Segré ne poursuivent pas les mêmes objectifs, car ils répondent à des besoins et des réalités économiques différentes. »
Sébastien Landeau, de la direction insertion du Conseil départemental, insiste sur la nécessité d’une meilleure coordination entre les structures. « Si nous ne connaissons pas les besoins de chacun, nous ne pouvons pas les accompagner efficacement. En regroupant les services et en favorisant leur communication, nous optimisons l’accompagnement. L’objectif est d’uniformiser les outils pour garantir leur efficacité. »
Avec la mise en œuvre de cette loi et des dispositifs concrets comme l’immersion professionnelle, le Maine-et-Loire montre la voie vers un retour à l’emploi plus accessible et inclusif. Reste à convaincre davantage d’entreprises de s’engager dans cette dynamique pour atteindre les objectifs fixés.
Amaury Lemoine