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La Bourse plonge, le gouvernement se dit « vigilant », mais la situation des banques est différente de 2008 estime Borne

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La Première ministre Elisabeth Borne quitte le Palais de l’Elysée après la réunion hebdomadaire du gouvernement. /Photo prise le 15 février 2023/REUTERS/Sarah Meyssonnier

Le gouvernement français est vigilant concernant le secteur bancaire, actuellement chahuté par les déboires de plusieurs établissements, mais la situation est « très différente » de celle de 2008, année marquée par la plus importance crise financière depuis 1929, a déclaré mercredi la Première ministre Elisabeth Borne.

« Nous sommes très vigilants mais la situation est très différente de celle que nous avons connue en 2008 », a déclaré la cheffe du gouvernement au Sénat.

« Depuis de nombreuses règles prudentielles ont été prises pour toutes les banques de la zone euro », a-t-elle rappelé.

Le secteur bancaire est secoué en Bourse depuis l’annonce en fin de semaine dernière des difficultés de la banque américaine Silicon Valley Bank (SVB), qui a depuis été fermée.

Mercredi, c’est l’annonce par le principal actionnaire de Credit Suisse de son incapacité à fournir une nouvelle aide financière à la banque helvète qui a semé un nouveau vent de panique.

La deuxième banque suisse peine à se remettre d’une série de scandales qui a considérablement entamé la confiance des investisseurs et des clients.

Elisabeth Borne a indiqué au Sénat que le ministre des Finances, Bruno Le Maire, « aura un contact avec son homologue suisse dans les prochaines heures ».

Rappelant que Credit Suisse n’est pas soumise à la régulation bancaire européenne, elle a estimé que la situation autour de la banque devait être réglée par les autorités suisses.

Les bourses plongent

Les valeurs bancaires chutent mercredi en Europe et aux Etats-Unis, le plongeon de Credit Suisse à son plus bas niveau historique accentuant les craintes des investisseurs pour l’ensemble du secteur, déjà ébranlé par l’effondrement de Silicon Valley Bank (SVB).

Credit Suisse est tombée sous les deux francs suisses pour la première fois de son histoire, le principal actionnaire de la banque helvétique ayant déclaré ne pas pouvoir lui apporter une aide financière supplémentaire.

« Nous ne pouvons pas parce que nous dépasserions les 10% (au capital). C’est une question de réglementation », a déclaré mercredi le président de la Banque nationale saoudienne (SNB) , Ammar Al Khudairy.

La banque saoudienne a acquis une participation de près de 10% au capital de Credit Suisse l’année dernière après avoir participé à sa levée de fonds et s’être engagée à injecter jusqu’à 1,5 milliard de francs suisses (1,53 milliard d’euros).

En Bourse de Zurich, le titre Credit Suisse chutait de 13,93% à 1,928 francs vers 14h40 GMT, après avoir décroché de plus de 30% en séance.

Le coût de l’assurance contre un risque de défaut de la banque sur sa dette obligataire augmente, le « credit default swap » (CDS) à cinq ans atteignant un niveau record.

Par ricochet, l’indice Stoxx des banques perdait 6,4%. Depuis le 8 mars, celui-ci a vu sa valorisation fondre de 120 milliards d’euros.

A Paris, Société générale reculait de 11,71%, BNP Paribas de 9,30% et Crédit agricole de 5,68%.

Credit Suisse a publié mardi son rapport 2022 dans lequel elle indique avoir identifié des « faiblesses significatives » dans des contrôles internes sur les rapports financiers.

La deuxième plus grande banque de Suisse tente de se relever après une série de scandales qui ont considérablement entamé la confiance des investisseurs et des clients. Au quatrième trimestre, les sorties de fonds des clients ont atteint plus de 110 milliards de francs suisses.

LA FAILLITE DE SVB EN TOILE DE FOND

Tentant de rassurer les marchés, Ulrich Koerner, le directeur général de Credit Suisse, a assuré que le niveau des liquidités du groupe restait solide et dépassait largement toutes les exigences réglementaires.

La Banque nationale suisse (BNS) s’est refusé à tout commentaire sur la situation de Credit Suisse.

Un renflouement de la banque helvétique par la BNS et l’autorité suisse de surveillance des marchés financiers, avec éventuellement une ou plusieurs autres banques, serait le « scénario le plus probable », estiment les analystes d’Exane, qui n’écartent pas non plus une volte-face de la Banque nationale saoudienne.

L’autorité des marchés financiers allemands, la BaFin, a déclaré de son côté qu’elle ne voyait pas de risque direct de contagion, jugeant le système bancaire allemand suffisamment « solide » et apte à encaisser des taux d’intérêt plus élevés.

Les déboires de Credit Suisse s’ajoutent à l’alerte mondiale déclenchée par les faillites des banques américaines SVB et Silvergate la semaine dernière, bien que les régulateurs et gouvernements aient tenté d’éteindre le début de panique qui s’empare des marchés mondiaux.

A Wall Street, les grandes banques nationales comme les établissements régionaux sont dans le rouge en début de séance: First Republic Bank reculait de 13,93% tandis que Bank of America, Citigroup JPMorgan baissaient de 1,53% à 4,6%.

Le directeur général de BlackRock, Laurence Fink, a averti que le secteur bancaire régional américain restait menacé, décrivant la situation financière comme étant le « prix de l’argent facile ».

La remontée rapide des taux d’intérêt a exposé certaines banques comme SVB au risque de baisse de valeur des portefeuilles obligataires.

Moody’s Investors Service a révisé mardi sa perspective sur le système bancaire américain de « stable » à « négative », en évoquant les risques accrus pour le secteur.

Les investisseurs commencent à douter de l’engagement pris par la Banque centrale européenne à relever comme annoncé ses taux d’un demi-point jeudi. Sous l’effet de SVB et Credit Suisse, les marchés monétaires estiment désormais à 70% la probabilité d’une hausse limitée à 25 points de base.

Selon des informations du Wall Street Journal, des responsables de la BCE ont contacté les banques qu’elle supervise pour s’enquérir de leur exposition financière à Credit Suisse.

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