Angers

L’école Victor Hugo rend hommage à Marius Briant

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Marius Briand

Vendredi 27 avril avait lieu à l’école Victor Hugo d’Angers le dévoilement d’une plaque commémorative en souvenir de Marius Briant. Née en 1922, cet ancien instituteur de l’école avait été arrêté pour fait de résistance en 1943. Martyrisé par les nazis, il fut déporté, puis décapité à Berlin en 1944. La communauté éducative a donc décidé de lui rendre hommage.

Ils étaient nombreux à s’être rassembler dans l’école vendredi à 17 h à l’école Victor Hugo. Enfants, parents d’élèves, habitants du quartier, membres de la communauté éducative ou encore représentants associations de résistants et déportés. Tous étaient présent dès la fin des classes, ensemble dans la cour, attendant que le voile tombe. En attendant, les visiteurs pouvaient assister à une exposition dans une salle de l’école, retraçant l’évolution de la seconde guerre mondiale. Des murs thématiques étaient dressés, abordant différents points de ce conflit extrêmement meurtrier. De l’histoire de Jean Moulin, à la condition juive, en passant par la libération et le travail forcé en Allemagne, les sujets étaient nombreux. Une chronologie des hauts-faits de la résistance angevine était également affichée, avec l’itinéraire du résistant Marius Briant lors de sa déportation et son périple jusqu’en Allemagne. Des photos et des textes sur des sujets difficiles pour les enfants étaient présentés, comme la découverte des corps dans les camps de concentration, ou la collaboration. Mais on pouvait voir accrocher ici et la des dessins pleins de couleurs faits par les enfants, tous adressant un message qu’ils ont retenu de l’étude cette guerre, celui de la paix.

Le travail pédagogique effectué avec les enfants durant plusieurs mois par l’équipe éducative, pouvait d’ailleurs aussi être observé, avec tous les textes de grammaire, conjugaison et travaux de lecture basés sur la seconde guerre mondiale. «Toutes les classes ont participé à ces travaux d’histoire, évidemment suivant leur niveau, nous dis le directeur de l’école, monsieur Bailleux. Les travaux pédagogiques ont débuté en janvier, principalement avec les CE2, CM1 et CM2. Le thème général de l’école cette année était «le temps qui passe». Alors abordé la seconde guerre mondiale, l’une des pages les plus importantes de l’Histoire de notre pays, était forcément dans le thème!». Malgré le jeune âge des enfants, faire une telle rétrospective au-travers l’histoire d’un résistant et ancien instituteur de l’école était une très bonne idée pour monsieur le directeur. «Parmi ses enfants, certains n’ont plus leurs grands-parents, ou alors ceux-ci n’ont pas connu la guerre. Ils n’ont pas de références dans leur entourage pour leur expliquer et leur raconter cette guerre et ses horreurs. Alors l’école doit s’en charger, car le devoir de mémoire envers ses hommes qui se sont dressés peut être une très bonne leçon d’humilité pour ses enfants. On leur montre ainsi que rien n’a été obtenu facilement et qu’il faut toujours être sur ses gardes vis-à-vis de la barbarie et du rejet de l’autre». Mais ce qui peut être bénéfique pour les enfants peut aussi l’être pour les parents. Car en investissant les petits dans cette découverte, se sont aussi les parents qui se remémorent ce qu’ils ont appris dans leur jeunesse. «l’école s’appelle Victor Hugo, alors naturellement l’association de parents d’élèves se nomme «Les Gavroches», nous explique monsieur Bailleux. Ils étaient vraiment derrière à soutenir les enfants. Ça ne m’étonne pas vraiment: durant la guerre, certains parents d’élèves avaient caché le buste en bronze de Victor Hugo qui appartenait à l’école, afin qu’il échappe aux nazis. Et vous pouvez le voir, ce buste et le soutien des parents d’élèves sont toujours là!», nous dis espiègle monsieur Bailleux.

Des bruits se faisaient entendre dans la cours. La cérémonie de commémoration débutait, avec une levée de drapeaux guidée par d’anciens résistants et en présence de leur famille. En présence du maire d’Angers, Frédéric Béatse, une jeune élève s’est alors mise à lire les inscriptions gravées sur la plaque, puis une minute de silence fut respectée par l’assemblée. Un autre enfant a alors lu les différents noms et prénoms de professeurs qui enseignaient à l’école Victor Hugo durant la guerre et qui ont tous à leur manière résister à l’occupation. Marius Briant et la résistance tout entière ont ensuite été honoré par «le chant des partisans» qu’entonnèrent les enfants devant l’assistance. L’émotion fut grande quand le frère de Marius Briant pris la parole, très touché par le travail et la présence des enfants et d’autant de personnes. Monsieur Roger Briant, qui a beaucoup œuvré pour rendre hommage à son frère, a ainsi tenu à remercier l’équipe pédagogique, les enfants et leurs parents pour le temps passé sur ce sujet, mais aussi pour leur respect de la mémoire de la résistance et de son frère, mort à seulement 22 ans. Les enfants ont après cela entonné un nouveau chant, cette fois-ci la Marseillaise, avant que le maire d’Angers ne prononce quelques mots. Il a tenu à rappeler que cette cérémonie «est d’abord celle du souvenir. Souvenir d’un homme, instituteur dans cette école, dont nous avons dévoilé à l’instant le visage gravé sur cette plaques; une plaque commémorative destinée à rappeler à tous le parcours et l’engagement personnel de Marius Briant. Je suis personnellement très sensible au travail mené par les uns et les autres pour la transmission des savoirs et la connaissance; j’ajoute que la sensibilisation des jeunes générations (et de leurs parents) aux épreuves qu’ont traversé notre pays, entre 1939 et 1945, m’est également très chère». Monsieur Béatse a tenu à saluer la présence de l’association des anciens résistants et déportés, mais aussi le travail effectué par le service éducation de la Marie. Il a conclu en expliquant que «oui Angers veut se souvenir; Angers veut rappeler ce qui s’est passé ces années-là et ne rien oublier. Ni les crimes, ni surtout les leçons d’espoir et de courage qu’incarnent, à leur manière, ces figues qui font honneur à notre pays, et à notre ville».

Et lorsque l’on demande à Vincent Dulong (adjoint à la voirie, la mobilité et aux déplacements, adjoint du quartier Saint-Serge-Ney-Chalouère), si ces enfants ne sont pas un peu trop jeunes pour comprendre les leçons à tirer de cette commémoration, il nous rappel que «le travail de mémoire commence tôt pour avoir un socle solide dans l’avenir. Les parents ont aussi leur part de responsabilité à faire reconnaître l’égalité des droits et la notion de respect de l’autre. C’est encore plus important dans le contexte actuel, et revenir sur notre patrimoine de temps en temps ne peut qu’être bénéfique pour tous!». La cérémonie s’est alors refermée par un verre de l’amitié rassemblant enfants, parents et anciens résistants, se terminant comme elle avait commencé, au milieu des cris d’enfants.

Arhmech Nabil

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