Maine-et-Loire

Angers la nuit : quand la fête étudiante vire au casse-tête pour les riverains

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Archive. A Angers, Rue Saint Laud


À Angers, les étudiants ne passent pas inaperçus. Le soir, ils sont partout : sur les terrasses, dans les rues, autour des bars. La ville vit au rythme de leurs sorties. Mais tout le monde ne le vit pas de la même manière. Pour certains riverains, cette effervescence vire à l’épuisement. Difficile de trouver le calme quand les soirées s’éternisent.

Une ville qui vibre au rythme des étudiants

Avec près de 47 000 étudiants, Angers figure parmi les villes les plus accueillantes pour les jeunes. Et forcément, ça se ressent. Le soir venu, notamment autour de la place du Ralliement, de la rue des Poeliers ou du quartier Saint-Laud, l’ambiance monte d’un cran. Le jeudi et le week-end, les bars font le plein. Les tablées débordent sur les trottoirs et la musique s’invite dans la rue.

Léa, 19 ans, étudiante en école de commerce, enchaîne les soirées avec ses amies, « il y a beaucoup de monde, c’est assez bruyant même pendant la semaine. » Mais elle reconnaît aussi l’envers du décor, « je pense qu’il faut plus respecter les habitants qui vivent aux alentours ou au-dessus des bars. »

Des habitants à bout de souffle

Cette effervescence nocturne n’est pas du goût de tout le monde. Marie, retraitée de 71 ans, habitante du centre-ville témoigne, « il y a beaucoup de bruit le soir, les jeunes ne font pas attention. Parfois, ils vomissent dans des coins de rue, ou urinent par terre, ça devient insupportable. » Agacée, elle plaide pour une présence policière renforcée le soir.

Les plaintes ne datent pas d’hier. Lucile, employée dans un restaurant du centre-ville depuis neuf mois, évoque une plainte il y a deux ans par une habitante vivant au-dessus de son établissement : « Les gens dans les bars ont tendance à crier, surtout sous l’effet de l’alcool. » Certaines enseignes, comme le bar Maestro, ont tenté de limiter les nuisances en fermant leurs vitres l’été pour atténuer le bruit. Mais malgré cela, les trottoirs restent fréquentés jusqu’à tard dans la nuit, et les étudiants débordent parfois des terrasses.

Les bars entre adaptation et limites

Du côté des professionnels de la nuit, chacun tente de s’adapter aux contraintes. Manu, barman depuis dix ans au Twist, résume la situation, « il y a beaucoup d’étudiants le soir, entre 21h et 2h. Il y a du bruit, mais on fait attention. » Son bar n’a jamais eu de plaintes, en partie parce que les logements alentours sont eux-mêmes occupés par des étudiants. Il constate tout de même une évolution dans les comportements, « il y en a qui sont respectueux et d’autres s’en foutent totalement. Mais globalement, les présidents des BDE ont pris conscience des excès. On a baissé le son de la musique, arrêté de servir plus tôt. On ne vend plus à emporter pour éviter qu’ils boivent dans la rue. »

Une jeunesse bruyante, mais pas incontrôlable

Si les tensions sont palpables, certains comme Lila, 22 ans, serveuse dans un bar ouvert tout récemment, appellent à relativiser, « oui, il y a du bruit vers 2h, les voisins ne sont pas toujours contents. Mais ça dépend des gens, des écoles. Il y a un peu d’immaturité, mais c’est la jeunesse. »

Elle décrit les débordements de la rentrée de septembre, marquée par des vomissements fréquents dans la rue : « C’est toujours les mêmes qui veulent se « mettre une mine » (ndlr : se saoule) , tous les dix à vingt mètres il y a un vomis ». Des mesures ont été prises comme l’interdiction des verres à l’extérieur des bars, une surveillance policière parfois habillée en civil, les gobelets à emporter ont été interdits.

Trouver l’équilibre

La ville d’Angers tente de réguler sans compromettre le monde de la nuit. Rappels à l’ordre, patrouilles renforcées, fermetures anticipées dans certains établissements. Mais la tâche reste complexe. Martin, étudiant en lettres, défend le besoin de s’évader. « C’est normal, on a besoin de sortir, de penser à autre chose, de s’amuser. Nous venons à peu près tous les deux jours mais on ne hurle pas comme d’autres. »

La ville d’Angers continue encore et toujours à être confrontée à ces tensions entre riverains et étudiants. Une situation qui compromet la cohabitation de ces deux modes de vie en opposition.

Simon Apokourastos

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