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« La grande boucle » soutenue par Anjou Vélo Vintage, entretien avec Clovis Cornillac [VIDEO]

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La Grande Boucle avec le sarthois Bruno Lochet et Clovis Cornillac

À l’occasion de la troisième édition de l’Anjou Vélo Vintage, le Conseil général de Maine-et-Loire et le Cinéma Gaumont Angers Variétés présentent en avant-première le film « La Grande Boucle », mardi 4 juin 2013 à 20 heures au Cinéma Gaumont Angers Variétés, boulevard Foch.

François est un passionné du Tour de France. Licencié par son patron et quitté par sa femme, il part faire la Grande Boucle avec un jour d’avance sur les pros. D’abord seul, il est vite rejoint par d’autres, inspirés par son défi. Les obstacles sont nombreux mais la rumeur de son exploit se répand. Les médias s’enflamment, les passants l’acclament. Le Maillot Jaune du Tour enrage. François doit être stoppé !

Un film de Laurent Tuel avec Clovis Cornillac, Bouli Lanners, Ary Abittan , Bruno Lochet (le local de l’étape), Elodie Bouchez , André Marcon, Rose Caprais, Annick Christiaens, Paul Granier, Doudou Masta

Entretien avec Clovis Cornillac

Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans l’aventure de La Grande Boucle ?

J’aime beaucoup l’idée que nous sommes tous des petites gens qui peuvent à un moment où un autre de leur existence se dépasser et réaliser des choses exceptionnelles. Je trouve très jolies ces fables emblématiques que le cinéma peut parfois nous offrir en plus grand que la vie. C’est ce que Laurent Tuel m’a proposé et ce qui m’a décidé. La Grande Boucle, c’est d’abord une histoire simple, au premier degré, une histoire populaire mais pas populiste, qui véhicule des valeurs positives, généreuses. Elle fait un bien fou dans une époque plutôt cynique et violente. Elle parle de nous sans se moquer de nous : c’est une petite perle.

Qui est ce François que vous incarnez ?

C’est un personnage de cinéma, dans le sens où il se fabrique pendant le film, comme en direct, dans une forme de dépassement par hasard. Il nous représente quand, sous le coup d’une colère, d’une frustration, d’un chagrin, nous battons nos propres records. François a rendez-vous avec lui-même, ce qui rend son parcours universel.

Avant de tourner ce film que saviez-vous du sport cycliste et du Tour de France ?

J’aime beaucoup le sport en général et je le regarde souvent à la télévision. J’apprécie la grâce inouïe de certains gestes, le talent des sportifs de haut niveau et la somme de travail et de sacrifices qu’ils fournissent. J’ai toujours associé le Tour de France aux congés payés : c’est populaire, gratuit, estival, festif. Il y a quelque chose qui a à voir avec la bonne humeur et les vacances en famille. Comme la plupart d’entre nous, j’ai des souvenirs d’endormissement, de torpeur bienheureuse devant le ronron des débuts d’étapes à la télé et puis de réveil pour le meilleur, une bonne heure de bagarre finale.

Quels sont les coureurs que vous avez admirés ?

Quand j’étais gamin, Bernard Hinault gagnait tout, il était notre champion. Laurent Fignon me fascinait. Et puis, je regrette beaucoup que Laurent Jalabert n’ait jamais gagné le Tour. En fait, tous ces coureurs, toutes ces fortes personnalités ont accompagné ma vie, ils sont liés à mon histoire personnelle. Et j’ai l’impression qu’il en va de même pour tout le monde, qu’on aime ou pas le vélo : les grandes figures du Tour font partie de notre patrimoine.

Comme cela vous est déjà arrivé pour d’autres films, avez-vous suivi une préparation physique très poussée ?

Elle a commencé trois mois avant le tournage au rythme de trois heures trente de vélo par jour. J’ai suivi un régime alimentaire pour maigrir et pour mieux encaisser la répétition des efforts. J’ai tenu a être extrêmement bien préparé pour qu’à l’image le « défilage » des paysages ne soit pas ridicule, j’avais besoin d’être crédible. C’est Jonathan Tryoen, le coach des triathlètes du Stade Français qui m’a accompagné dans toute cette phase d’entraînement, c’est lui qui m’a appris à pédaler sur un vélo de pro. Je suis un bon élève,

j’assimile vite. En cinq mois, j’ai parcouru 5500 kilomètres. J’ai escaladé « à ma main » les cols de la Madeleine, du Tourmalet et de l’Aubisque, j’ai gravi le Mont Ventoux. Je me suis régalé. J’ai fait un contre-la-montre de cinquante-trois kilomètres dans la roue de Bernard Hinault à 37 km/h de moyenne. Ca ne rigolait pas du tout, mais quelles sensations et quels souvenirs inoubliables. D’ailleurs, j’ai investi dans des vélos de course, je suis devenu accro.

Vous pensiez-vous capable de gravir ces cols pyrénéens qui culminent à 2000 mètres ?

Franchement, je ne croyais pas que c’était possible. Mais ce qui est réellement infernal c’est le rythme des coureurs en montagne, l’obligation de suivre le tempo des meilleurs et de rentrer dans les délais imposés. Je ne me suis heureusement pas trouvé dans cette situation. Seul et bien préparé, dans un contexte qui n’est pas celui de la compétition mais de l’aboutissement personnel, cela ne pose pas tant de problèmes. Bien sûr, la souffrance est présente, mais on ressent également beaucoup de plaisir. Quand on grimpe un col, on s’élève, et s’élever même très lentement c’est d’une beauté qui confine à la zénitude. Il y a l’effort qu’il faut gérer, la satisfaction d’être arrivé au sommet et entre les deux, oui, ce sentiment de s’être grandi. La métaphore du col est, dans ce sens, évidente : il s’agit de franchir un obstacle et sur la route ou dans la vie, cela veut dire avancer.

Le tournage a-t-il été mouvementé ?

Nous avons tourné, il me semble, dans treize endroits différents. Cela donne une richesse qui est visible à l’écran, on ne ment pas aux gens. Après les scènes qui étaient filmées en général très tôt le matin, avant que la caravane et les coureurs n’investissent les lieux, je partais faire la moitié de l’étape suivante. J’ai beaucoup vécu avec ma bicyclette, je ne m’arrêtais jamais parce que je voulais rester dans le rythme.

Que retenez-vous de toutes ces heures passées à pédaler ?

Que le vélo est le meilleur moyen de locomotion pour visiter la France et pour aller à la rencontre des gens. Également qu’il y a quelque chose d’absolument magique avec cet engin. C’est la perfection de l’invention humaine : deux cercles et votre force physique qui entraîne le mouvement. C’est extrêmement compliqué et tellement simple. Ca ressemble à la vie.

Que dire des personnages campés par Bouli Lanners, un directeur sportif un peu douteux, et Bruno Lochet, l’archétype du spectateur du bord de la route ? Font-ils partie intégrante du folklore du Tour ?

Je dirais qu’ils s’inscrivent d’abord dans l’histoire. Ce sont deux acteurs que j’affectionne tout particulièrement parce qu’ils dégagent une humanité absolue et je trouve ça très réussi dans le film, c’est ce qui lui confère beaucoup de douceur. On aurait pu facilement tomber dans l’expression d’une forme de « beaufitude » mais je trouve que ce n’est jamais le cas, on ne se moque jamais de leur personnage, il n’y a pas de malveillance envers eux. Ils sont des archétypes certes mais pas des caricatures. Pourquoi ? Parce que c’est la passion, l’amour du vélo qui les guide. Et que c’est éminemment respectable. Regarder les gens aimer, ça fait du bien non ? La Grande Boucle est un film empathique, avec nous. On a le droit de s’aimer et de s’entraider. Ca me parle, j’assume.

C’est également une histoire qui met en avant certaines valeurs comme le respect et la solidarité. Est-ce lié à la dureté de ce sport, comme une reconnaissance de l’effort et du courage ?

Tout à fait. Ces valeurs sont présentes dans le film parce qu’elles sont induites au vélo. Tous les sportifs, y compris les boxeurs le reconnaissent : le cyclisme est la plus dure de toutes les disciplines. Au respect et à la solidarité j’ajouterais l’abnégation, celle des équipiers qui souffrent dans l’anonymat. Tout cela est forcément présent, y compris de manière inconsciente, dans l’histoire de ce petit gars qui tente de relier seul les villes étapes, dans cette dinguerie qui n’est pas si dingue et qui peut donner une énergie folle à plein de gens. C’est pour cela que j’aimerais que ce film marche très fort. Pas pour la gloire, pas pour l’argent, mais parce que faire partager cette énergie et cet amour au plus grand nombre me toucherait beaucoup.

Un avant goût du film

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