Sarthe
Crise budgétaire : Stéphane Le Foll et Thierry Cozic dénoncent une politique « injuste et dangereuse » du gouvernement

Dans une tribune au ton offensif, le maire du Mans Stéphane Le Foll et le sénateur de la Sarthe Thierry Cozic alertent sur les conséquences des récentes annonces budgétaires du Premier ministre. Les deux élus pointent une politique qu’ils jugent « injuste pour les Français » et « dangereuse pour l’économie », dénonçant à la fois la méthode et le fond d’un plan qu’ils estiment sans vision d’avenir.
Ils s’insurgent d’abord contre un discours gouvernemental qu’ils jugent culpabilisant. En ciblant des Français « qui ne travailleraient pas assez », « consommeraient trop de médicaments » ou seraient « trop souvent en arrêt longue durée », le Premier ministre ferait, selon eux, fausse route. « Il dresse un portrait caricatural du pays », écrivent-ils, estimant que l’exécutif refuse de remettre en cause sa propre politique menée depuis 2017. « Du ‘quoi qu’il en coûte’, on passe au ‘vous allez le payer cher' », résument-ils.
Parmi les mesures jugées particulièrement problématiques, ils citent le déremboursement de certains médicaments, jugé précipité et socialement injuste, alors même que de nombreux Français peinent déjà à accéder à un médecin traitant. Selon eux, loin de rétablir la confiance, ces décisions pourraient « entraîner une baisse de la consommation, des investissements et donc de la croissance ».
Les collectivités locales au cœur du paradoxe
La tribune met également en lumière ce que les deux élus appellent un « paradoxe grandissant » pour les collectivités. Alors que l’État leur transfère de nouvelles compétences, notamment en matière de santé, de sécurité ou de logement, ces dernières subissent dans le même temps un tour de vis budgétaire sévère. Le plan d’économies de 5,3 milliards d’euros prévu en 2026 à leur encontre, combiné à la reconduction du dispositif DILICO, suscite une vive inquiétude.
« Les collectivités sont ponctionnées indépendamment de leur population ou de leurs charges », déplorent-ils, citant l’Association des Maires de France. Et d’ajouter que ces coupes toucheront directement les capacités d’investissement, alors même que les budgets locaux financent 70 % de l’investissement public dans le pays.
Des conséquences très concrètes
Stéphane Le Foll illustre l’impact de ces mesures pour sa propre collectivité : « Au Mans, la ponction prévue en 2026 représente l’équivalent d’une maison de santé pluridisciplinaire, de trois écoles non rénovées ou de la quasi-totalité des subventions dédiées au sport et à la culture. » Sur le volet sécuritaire, il souligne l’incohérence d’un gouvernement qui demande plus aux polices municipales tout en laissant les collectivités financer seules l’augmentation des charges et les équipements de vidéosurveillance.
Dans leur conclusion, les deux élus en appellent à une prise de conscience. « L’État ne peut pas sans cesse transférer ses responsabilités sans donner les moyens d’agir », alertent-ils. Ils rappellent que les collectivités, contraintes par la loi à présenter des budgets à l’équilibre, « constituent le dernier rempart face à un État défaillant ». Une formule forte qui traduit une inquiétude profonde face à ce qu’ils considèrent comme une austérité déconnectée des réalités locales.