Maine-et-Loire
Angers-SCO freine le jeu : le projet d’équipe senior féminine abandonné

Alors que tout semblait prêt pour accueillir la première équipe féminine senior de son histoire, le SCO d’Angers a brutalement mis fin à son ambition. Une décision révélatrice d’un désengagement plus large du football professionnel français envers le sport féminin.
Une génération prête… laissée sans avenir
Elles étaient 24 joueuses à espérer franchir le cap. Engagées cette saison en Régional 1 dans la catégorie U18, où elles occupent la 3e place à deux journées de la fin, ces jeunes joueuses d’Angers-SCO se préparaient depuis plusieurs années à former l’ossature d’une future équipe senior féminine. Selon Ouest France, le projet, initialement prévu pour la rentrée prochaine, devait démarrer en D2 départementale, avec des passerelles envisagées avec la Croix Blanche d’Angers afin de permettre aux meilleures d’évoluer en Régional 1.
Mais cet élan a été brisé net : le club angevin a décidé, il y a quelques semaines, d’abandonner le projet. Une décision aussi soudaine qu’incompréhensible pour celles et ceux qui suivaient de près cette dynamique ambitieuse.
Une explication financière difficile à ignorer
Si le club n’a pas officiellement motivé son choix, la situation financière préoccupante du SCO pourrait en être la cause principale. Début 2024, le club avait déjà dû différer les salaires de ses joueurs professionnels. Une instabilité budgétaire qui aurait rendu impensable le financement d’une nouvelle équipe senior féminine.
Aujourd’hui composée de 86 licenciées, la section féminine du SCO est portée par l’association Angers-SCO, mais aurait inévitablement eu besoin du soutien de la Société anonyme pour structurer une équipe compétitive, assurer les déplacements, encadrer l’effectif et soutenir sa progression. À titre de comparaison, le club d’Angers Croix-Blanche, en D3 féminine, reçoit 35 000 € de subventions de la Ville. Un chiffre modeste comparé aux 2 millions d’euros de budget que nécessite un club de D1 Arkéma en milieu de tableau, comme Le Havre.
Le désengagement du foot pro face au féminin
Le SCO n’est pas un cas isolé. La décision du club angevin reflète une tendance nationale inquiétante : le recul du football professionnel masculin vis-à-vis de ses engagements féminins. La baisse des droits télévisés et le manque de retombées économiques poussent de plus en plus de clubs à revoir leurs priorités.
Selon une enquête de L’Équipe, pas moins de huit clubs de Ligue 1 et Ligue 2 envisageraient de supprimer ou de céder leur section féminine. Parmi eux : Montpellier, Reims, Guingamp ou encore Le Havre. Une situation qui témoigne du peu d’investissement structurel et médiatique autour du football féminin en France, encore loin d’avoir franchi un cap décisif dans sa professionnalisation.
Angers-SCO, un retard assumé
En revenant sur sa promesse, Angers-SCO reste donc le seul club de Ligue 1 à ne pas posséder d’équipe senior féminine. Un retard qui devient criant à mesure que le football féminin cherche à s’imposer dans le paysage sportif français. En Ligue 2, seules quatre équipes partagent encore cette carence : l’AC Ajaccio, le SC Bastia, le Red Star et Martigues.