Angers
Le coût de la rentrée toujours en hausse, la Fé2A tire la sonnette d’alarme
Comme depuis 11 ans, la fédération étudiante des associations de l’Anjou (Fé2A) a publié hier son indicateur du coût de la rentrée et cette année encore, les chiffres sont en hausse.
Le constat est clair pour la Fé2A, la rentrée 2025 a été encore plus coûteuse pour les étudiants. Au centre de ces affirmations, deux chiffres : 3030,11€ soit le montant de l’indicateur du coût de la rentrée 2025, et 3,68 % soit l’augmentation de ce chiffre par rapport à 2024. Une situation critique au vu de la précarité étudiante grandissante, sur laquelle la Fé2A alerte. Tout le monde n’est pas logé à la même enseigne, mais le chiffre brut de ces coûts à le don d’étonner.
Plus qu’avertir, l’indicateur alerte
« On s’est rendu compte que les coûts que les étudiants doivent payer chaque année augmentent, alors que les aides ne suivent pas. Tout le monde n’a pas la possibilité de faire une rentrée convenable ou de vivre dans de bonnes conditions à l’université. », explique Benjamin Gouache, premier vice président en charge de la représentation à la Fé2A.
Il l’avoue volontiers, l’indicateur n’a pas un objectif uniquement informatif, il sert avant tout à éclairer et à mettre en garde. « Il était difficile d’alerter les institutionnels ou le gouvernement sans chiffres concrets. Cet indicateur a donc été créé pour fournir des données tangibles permettant de construire des positions et des revendications afin d’alerter sur la situation étudiante. » finit-il.
Pour ce faire, la fé2A évalue le budget moyen nécessaire à un étudiant de 20 ans non boursier, et ne logeant pas chez ses parents. L’indicateur est centré sur les dépenses dites « essentielles », lié au besoin primaire de l’étudiant lié dans un premier temps à la rentrée, puis dans une partie complémentaire aux dépenses mensuelles.
Une rentrée des plus en plus coûteuse
2025 sera donc une année encore coûteuse pour les étudiants, et ceux peu importe leurs revenus ou leurs aides. Le chiffre de 3030,11€ est propre aux non-boursiers, les boursiers eux sont un petit peu plus épargné avec un coût de rentrée de 2688,93€, chiffre qui est à nuancer au vue des situation financière parfois complexes que traversent certains d’entre eux, et pour les étudiants extracommunautaires, il faudra compter 5723,32€.
Si l’augmentation du coût globale se trouve autour des 3 % d’augmentation, certains chiffres eux sont bien au-dessus. Parmi ce tout, les frais de rentrée font office de mauvais élèves avec une augmentation de 5,46 % par rapport à 2024 avec en cause, les hausses des frais d’assurance logement, des coût du matériel pédagogiques, la revalorisation de la CVEC et l’augmentation des frais d’inscriptions.
Pour contrebalancer et tomber à 3 % d’augmentation moyenne, il faut se pencher sur les frais de vie courante qui ont eu augmenté de 0,93 %. Un chiffre qui pourrait paraître anodin, mais qui ne l’est pas du tout en vérité si on se penche sur des chiffres complémentaires, comme celui au centre du dernier baromètre de la précarité étudiante qui fait état d’étudiant sautant en moyenne 3 repas par semaine.
Pendant que les prix montent, le pouvoir d’achat des étudiants baisse aussi, car la rentrée est une période de forte inflation sur laquelle les bourses ne sont pas indexées. « Aujourd’hui, on compte environ 600 000 boursiers, et l’objectif est d’atteindre un million pour couvrir trois déciles de la population étudiante, selon les constats du baromètre de la précarité de la FAGE. Il reste des efforts à faire sur la fluidité administrative et la rapidité des versements, et le système actuel n’est pas parfait. C’est pourquoi nous alertons les autorités locales, régionales et nationales. », complète Benjamin Gouache. Un décalage qui met véritablement en lumière la place importante qu’à pris la précarité étudiante.
Le logement, grand ennemi des étudiants à Angers
« Chaque territoire a ses propres problématiques. À Angers, c’est le logement qui est critique, alors que dans d’autres villes, ce sont le transport ou l’alimentation. La ville est attractive et attire de plus en plus d’étudiants, ce qui accentue la pénurie de logements. » Dénonce Benjamin Gouache.
C’est un fait connu des jeunes angevins, trouver un logement n’a jamais été aussi compliqué et aussi cher. Une tension immobilière, toujours, présente en cette rentrée 2025 puisque les loyers ont augmenté de 3,5 % ce qui fait monter le prix mensuel entre 451,50 et 488€. Ces prix, totalement déconnectés s’expliquent par la différence chiffrable entre le nombre de logements et le nombre d’étudiants.
Aujourd’hui, le sol angevin ne possède que 2 486 logements crous pour 46 000 étudiants, soit le prise en charge de seulement 6 % des étudiants dans ces logements publics dans des logements. Les étudiants se dirigent alors vers le parc privé, qui coûte en moyenne plus de 500€ par mois, mais même là rien ne garantit de trouver quelque chose. On enregistre une moyenne de 3,56 demandes pour un seul logement, et certains propriétaires joue alors de cette puissance d’attraction. « Si un logement est trop loin ou insalubre, cela peut pousser certains étudiants à arrêter leurs études. Nous avons construit ce rapport à partir de chiffres locaux et, à l’échelle nationale, la FAGE compile les données de tous les territoires pour alerter sur la condition de vie étudiante. », déplore Benjamin Gouache.
Des étudiants se retrouvent alors sans option, faute de solution, « Chaque année, certains étudiants vivent dans des conditions difficiles, comme dormir dans leur voiture faute de logement. Ce sont souvent des étudiants qui n’ont pas de famille sur place et qui doivent faire des allers-retours ou dormir dans leur véhicule. Ces situations rendent leurs études impossibles, et notre rapport cherche à réduire ce type de précarité. ». La ville a ainsi prévu entre 550 et 620 logements étudiant d’ici 2025-2026, c’est insuffisant pour la Fé2A.
Ne pas baisser les bras
Pour la Fé2A, il existe nombre de solutions à ces problèmes liés à la vie étudiante, qu’elle soit à Angers, Cholet et Saumur, expliqué dans cet indicateur.
Pour Benjamin Gouache, le problème est d’ailleurs plus large que le simple aspect financier de la chose, « L’engagement étudiant est en train de disparaître. Beaucoup d’entre eux doivent travailler pour subvenir à leurs besoins, ce qui limite leur capacité à s’impliquer dans les associations. À Angers, nous voyons des structures fermer faute de bénévoles, et c’est inquiétant. S’engager, c’est contribuer pour les autres, et chaque étudiant a quelque chose à apporter. Nous devons alerter sur cette situation pour que l’engagement associatif survive. ».