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Denis Mukwege : de ses études angevines au grand écran, un combat pour guérir les corps et les âmes

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Denis Mukwege devant la plaque dévoilée à l’issue de la cérémonie de baptême du bâtiment de gynécologie-obstétrique du CHU d’Angers. Crédit Catherine Rouger-Jouannet

Le film Muganga – Celui qui soigne, réalisé par Marie-Hélène Roux, sort dans les salles le 24 septembre 2025. Il raconte l’histoire vraie du Dr Denis Mukwege, médecin congolais et Prix Nobel de la Paix 2018, incarné avec force par Isaach de Bankolé. Ce biopic offre l’occasion de revenir sur le parcours hors du commun de cet homme qui, formé à Angers, consacre sa vie à soigner, réparer et donner une voix à des milliers de femmes victimes de violences sexuelles en République démocratique du Congo (RDC).

Études à Angers : une formation déterminante

Denis Mukwege est né en 1955 près de Bukavu, en RDC. Après des études secondaires et une formation initiale de médecin au Burundi, il obtient son diplôme de médecin en 1983.
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En 1984, il débarque à Angers grâce à une bourse (de la Swedish Pentecostal Mission) pour se spécialiser en gynécologie-obstétrique à l’Université et au CHU d’Angers.

Il y passe cinq ans, pendant lesquels il se forge non seulement des compétences chirurgicales, mais également un engagement profond envers les femmes victimes de mutilations et de violences.

Le retour au pays, l’hôpital de Panzi et le combat quotidien

À l’issue de sa formation à Angers, Mukwege refuse de rester à l’étranger malgré des propositions. Il rentre en RDC avec sa famille, prend la direction de l’hôpital de Lemera, puis, après sa destruction en 1996, contribue à la création de l’hôpital de Panzi, à Bukavu, en 1999.

Cet établissement est devenu un refuge pour des femmes mutilées, violées, traumatisées — un lieu de réparation physique et d’accompagnement psychologique, social et juridique. Le Dr Mukwege y a mis en place une approche holistique : reprendre le corps, mais aussi l’esprit et la dignité.

Muganga : le film comme mémoire et appel

Le film Muganga – Celui qui soigne (titre français : Muganga – Celui qui soigne) s’inspire de la vie de Mukwege et de son travail avec le Dr Guy-Bernard Cadière, incarné par Vincent Macaigne, qui a collaboré avec lui pour développer des techniques chirurgicales plus efficaces.

“Muganga” signifie en swahili « celui qui soigne ». Le film ne se contente pas de montrer les plaies physiques : il montre aussi celles invisibles, les traumatismes, la peur, la rupture sociale. Il pose la question : comment ne pas oublier ces victimes quand l’horreur semble toujours recommencer ?

Une rencontre rare avec un Prix Nobel de la paix

Denis Mukwege ne se contente pas d’être le sujet de films ou d’articles. Il s’est vu honoré à plusieurs reprises à Angers, la ville de sa formation. En 2018, l’Université d’Angers lui a décerné le titre de Docteur Honoris Causa pour son action en faveur des femmes victimes de violences sexuelles en RDC.

Plus récemment, c’est le bâtiment de gynécologie-obstétrique du CHU d’Angers qui a été baptisé “Bâtiment Denis Mukwege – santé de la femme”, ou du moins l’un des services y est renommé en son honneur, soulignant l’attachement de la ville à sa figure.

Lors de ses venues à Angers, il a animé des conférences, participé à des expositions de photos (notamment l’exposition SAKIFE) et des ciné-débats, toujours pour partager son expérience, expliquer la violence sexuelle en tant qu’arme de guerre et promouvoir la réparation.

Témoins, enjeux et espoirs

Interrogé dans Paris Match à l’occasion de la sortie du film, Mukwege rappelle l’importance de ne pas oublier. Malgré plus de vingt-cinq années de lutte, les violences continuent, et 35 à 40 % des victimes de violences sexuelles sont des enfants, selon un rapport de l’UNICEF.

Le film, même s’il est une œuvre de fiction, offre une tribune : faire connaître, mobiliser, pousser à l’action, ici et ailleurs. Muganga vise à ce que le monde se souvienne que ces femmes, ces enfants, ces mères, ne sont pas des chiffres, mais des individus à part entière.

Vers l’avenir

Muganga tombe à point nommé pour raviver la mémoire du combat de Mukwege, mais aussi pour revitaliser les discussions autour des politiques de protection, des droits humains, de l’aide internationale. Car au-delà de l’émotion, c’est l’action concrète qui doit suivre : renforcer les structures de santé en RDC, favoriser la sécurité des soignants, combattre l’impunité pour ces crimes, et accompagner les survivantes sur le long terme.

Le CHU d’Angers, qui l’a formé, reste un symbole : ce lieu où il a appris la médecine, la chirurgie, mais aussi l’engagement. Et Muganga nous rappelle que ces leçons restent plus nécessaires que jamais.

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