Culture
Cambriolage du Louvre : Ce que l’on sait après les propos de la Procureure de la République de Paris.

L’émotion suscitée par le cambriolage du Louvre, survenu le 10 octobre dernier, reste vive. Ce mercredi, la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau, a détaillé les avancées d’une enquête « d’une intensité exceptionnelle », qui a mobilisé plus d’une centaine d’enquêteurs de la police judiciaire et de la gendarmerie. Deux hommes ont été interpellés samedi 25 octobre au soir, suspectés d’être les auteurs de ce vol audacieux commis en plein cœur du plus célèbre musée du monde.
Un casse « commando » minutieusement préparé
Le 10 octobre, à 9 h 34 précises, quatre hommes vêtus de gilets jaunes — pour se faire passer pour des ouvriers — ont pénétré par la façade dans la galerie d’Apollon, haut lieu des joyaux de la Couronne, à l’aide d’un camion nacelle volé la veille dans le Val-d’Oise.
« Ils ont brisé une vitre, découpé deux vitrines à la disqueuse et se sont emparés des bijoux en moins de cinq minutes », a précisé la procureure. À 9 h 38, les voleurs avaient déjà disparu.
Lors de leur fuite, ils ont laissé tomber la couronne d’Eugénie, récupérée par les enquêteurs. « La directrice du Louvre a fait savoir combien il serait délicat de la restaurer », a ajouté Laure Beccuau.
Un jerrican et des traces d’essence retrouvés sur le camion indiquent que les malfaiteurs ont tenté d’y mettre le feu avant d’être interrompus par l’arrivée rapide des forces de l’ordre et des équipes de sécurité du musée.
Des traces ADN décisives
Selon la procureure, « un minutieux travail d’analyse de la vidéosurveillance et des prélèvements scientifiques » a permis d’identifier deux suspects.
Âgés de 34 et 39 ans, tous deux domiciliés à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), ils étaient déjà connus des services de police pour des faits de vol.
Le premier, de nationalité algérienne, vivait en France depuis 2010. Son ADN a été retrouvé sur l’un des scooters utilisés pour la fuite.
Le second, né à Aubervilliers et exerçant clandestinement comme chauffeur de taxi, a vu son empreinte génétique apparaître sur une vitrine fracturée et sur des objets abandonnés sur place.
« Les deux hommes ont partiellement reconnu leur participation aux faits devant les enquêteurs », a confirmé Laure Beccuau.
Une traque coordonnée et des interpellations spectaculaires
Le samedi 25 octobre, la traque a pris fin. L’un des suspects a été arrêté à 20 h 00 à l’aéroport de Roissy, alors qu’il s’apprêtait à embarquer pour l’Algérie sans billet retour. Le second a été interpellé quarante minutes plus tard, près de son domicile.
« Rien ne permet d’affirmer qu’il était en partance pour l’étranger, contrairement à ce que certains médias ont pu indiquer », a tenu à corriger la procureure.
Tous deux ont été présentés à des magistrats instructeurs et mis en examen pour vols en bande organisée et association de malfaiteurs, des infractions passibles de 15 ans de réclusion criminelle. « Leur placement en détention provisoire a été requis », a-t-elle précisé.
Les bijoux toujours introuvables
Malgré ces avancées, les bijoux dérobés n’ont pas encore été retrouvés. « Je veux garder l’espoir qu’ils seront retrouvés et rendus au musée du Louvre, et plus largement à la nation », a insisté Laure Beccuau.
Elle a également rappelé que ces pièces, désormais invendables, « constituent un patrimoine commun » et lancé un avertissement : « Quiconque les achèterait se rendrait coupable à son tour de ce crime. Il est encore temps de les restituer. »
Des complices encore recherchés
Les enquêteurs estiment qu’au moins quatre malfaiteurs ont participé directement au vol, mais le réseau pourrait être plus large, incluant un commanditaire ou des receleurs potentiels.
« Nous n’excluons pas la possibilité d’un groupe plus large, avec un commanditaire, voire une personne susceptible d’être destinataire des joyaux dérobés », a reconnu la procureure, sans en dire davantage pour ne pas compromettre la suite des investigations.
L’enquête, désormais confiée à deux juges d’instruction du pôle de lutte contre la criminalité organisée, se poursuit « avec la même détermination collective, le même soutien du Parquet et les mêmes objectifs ».
« Ce dossier illustre à la fois l’audace des malfaiteurs et la détermination des services de l’État à protéger notre patrimoine », a conclu Laure Beccuau.
