Angers

Le musée des Beaux-Arts d’Angers dévoile sa dernière acquisition « L’amour à l’espagnol » [VIDEO]

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L’amour à l’espagnol de Leprince

Le 9 novembre 2012, lors d’une vente Sotheby’s Paris, la Ville d’Angers a fait préempter pour son compte, à hauteur de 248 000 euros, un tableau exceptionnel de Jean-Baptiste Leprince (Metz, 1734 – Saint-Denis-du-Port, 1781) intitulé L’Amour à l’espagnole.

« L’acquisition de ce tableau dit L’amour à l’espagnole est pour Angers une très belle opportunité. Ce magnifique chef-d’œuvre plein de charme renforce l’exceptionnel fonds du 18e siècle du musée d’Angers, qui est une référence nationale incontestée en la matière. Etant donné la rareté de ce type d’acquisitions majeures, je ne doute pas un instant que nous parviendrons à faire financer une partie de ce tableau par diverses subventions et autres opérations de mécénat. Enfin, le passé angevin de ce tableau ajoute une jolie touche finale en forme de retour aux sources à cette très belle histoire. » indiquait dernièrement Frédéric Béatse, maire d’Angers.

Cette acquisition a été rendue possible grâce à la participation financière de l’Etat, de la Région des Pays de la Loire et de l’association Angers Musées Vivants. En outre, la Ville d’Angers va faire appel au mécénat d’entreprises et à la participation des Angevins sous la forme d’une souscription.

LE TABLEAU

Signé et daté Le Prince 1773, L’Amour à l’espagnole est sur sa toile d’origine et porte au dos le cachet de cire de la collection de Pierre-Louis Eveillard de Livois. Ce collectionneur angevin (1736-1790) exposait dans son hôtel de la rue Saint-Michel environ 450 tableaux des XVIIe et XVIIIe siècles européens, dont la moitié (203 pièces dont 181 tableaux) constitue le fondement de la riche collection du musée des Beaux-Arts d’Angers à partir de 1799. Ce tableau n’a subi que très peu de restaurations et celle dont il aurait besoin est limitée.

Très bien documenté, L’Amour à l’espagnole, dont le titre intégral est « Une femme endormie, qu’un jeune homme veut éveiller au son de sa guitare », fait sens par rapport aux collections du musée des Beaux-Arts. Présentée au Salon de 1773, la toile a rapidement été acquise par Livois. Le peintre Pierre Sentout la répertorie ainsi en 1791 : « Ce tableau dont la composition est aussi séduisante que la couleur en est belle, représente dans un appartement une jeune et jolie espagnole endormie dans un fauteuil, d’un costume riche & élégant ; auprès d’elle, on voit une table avec un tapis & une corbeille de fleurs dessus ; par côté est une fenêtre ouverte, où un jeune espagnol vient chanter en s’accompagnant d’une guitare. ».

Parfaitement représentative du goût de Livois pour la peinture contemporaine de son époque, cette « belle métresse » à laquelle il voua une passion ardente et éclairée, L’Amour à l’espagnole peut être considérée comme une des meilleures œuvres de Jean-Baptiste Leprince. Elève de François Boucher, Leprince est surtout connu pour ses scènes russes inspirées d’un long séjour en Russie (1758-1763). Dans les années 1770, il s’éloigna de cette veine pour adopter le répertoire empreint d’exotisme et de galanterie des artistes parisiens alors à la mode.

Séduisant par le sujet et le charme de ses protagonistes, le tableau l’est aussi par le soin précieux avec lequel l’artiste a rendu le raffinement et la sophistication extrêmes des vêtements, des accessoires et du mobilier contemporain. La facture, lisse et menue, présente une perfection formelle saisissante.

L’Amour à l’espagnole n’était jusqu’à présent connu que par la gravure qu’en donna SaintAubin (Paris, BnF) et par une copie du XVIIIe siècle (Dijon, musée des beaux-arts). Il s’agit donc d’une redécouverte extrêmement importante.

Pierre Rosenberg, de l’Académie française, président directeur honoraire du musée du Louvre, a rapproché le parti pris général de la composition d’un dessin de Fragonard, La Lettre (Chicago, Art Institute) qui a pu être inspiré par l’œuvre de Leprince, preuve de son importance dans l’adoption de nouvelles formes. La communauté scientifique et les amateurs d’art, au premier rang desquels Pierre Rosenberg, considèrent cette acquisition de la ville pour son musée comme un enrichissement unique, accentué par l’extrême rareté des tableaux de la collection Livois mis sur le marché.

Le tableau va être dans un premier temps restauré, puis prendra place sur les cimaises du musée des Beaux-Arts d’Angers au printemps 2013.

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