Charente

Procès en appel de Bassam El Absi : des témoignages accablants contre l’ancien radiologue

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Le procès en appel de Bassam El Absi, ancien radiologue de Langon accusé de viols et d’agressions sexuelles, se poursuit devant la cour d’assises de la Charente.

Selon France Bleu, ce mardi, cinq anciennes patientes ont livré des récits poignants, décrivant des actes qu’elles dénoncent comme des abus, tandis que l’accusé, déjà condamné à 17 ans de réclusion criminelle en première instance, continue de minimiser les faits, invoquant « des méthodes maladroites » et une pratique médicale « vieille école ».

Des récits bouleversants à la barre

De 9 heures à 17 heures, cinq anciennes patientes se sont succédé pour témoigner des comportements de Bassam El Absi lors de consultations. Trois d’entre elles ont décrit des pénétrations digitales dans l’anus, des accusations fermement niées par l’accusé.

Amélie (nom modifié), l’une des patientes, a relaté une expérience traumatisante lors d’une consultation en 2016. Elle s’y rendait pour une échographie prescrite par son généraliste, mais le rendez-vous a pris une tournure inattendue. Elle raconte avoir été invitée à se déshabiller entièrement, ce qu’elle a refusé en gardant sa culotte et son soutien-gorge. Après un examen jugé infructueux, le médecin aurait invoqué un problème de constipation et commencé à lui montrer des techniques de respiration.

« Vous êtes le seul médecin à demander ça », s’est étonnée Amélie, ce à quoi le radiologue aurait répondu : « C’est parce que les autres sont trop timides. »

Selon son témoignage, l’examen a rapidement dérapé : massages des seins, des hanches et des fesses, puis un moment où le médecin aurait placé ses jambes sur ses épaules. « J’ai cru qu’il allait me violer », raconte-t-elle, décrivant un état de sidération l’ayant empêchée de réagir.

Un médecin dans le déni

Interrogé sur ces accusations, Bassam El Absi a nié en bloc. Selon lui, la position des jambes était simplement une posture médicale visant à mieux visualiser le ventre. Il a aussi réfuté tout contact sexuel, invoquant des problèmes d’érection confirmés par un médecin légiste, même si ce dernier a admis qu’un gonflement du pénis aurait pu être perçu comme une érection par une personne inexpérimentée.

Le médecin a par ailleurs minimisé ses propos déplacés, comme la phrase « les autres médecins sont trop timides », qu’il considère comme une plaisanterie mal interprétée. Il a également reconnu avoir qualifié Amélie d’hystérique lors d’une confrontation devant l’Ordre des médecins, regrettant des mots qu’il juge aujourd’hui « inappropriés ».

Des pratiques dépassant le cadre médical

Face aux nombreuses interrogations sur la nature de ses gestes, l’ancien radiologue a reconnu des écarts par rapport à la pratique médicale moderne. « Peut-être que je dépasse mon rôle de radiologue des années 2020 », a-t-il déclaré, évoquant des méthodes qu’il qualifie de « vieille école ». Un ancien confrère, entendu en visioconférence, a pourtant été catégorique : « Un radiologue n’a pas à pratiquer ce genre d’exercices de respiration. »

Les séquelles des victimes

Huit ans après les faits, Amélie, toujours marquée, a confié ses difficultés à se sentir en sécurité. « J’ai encore peur de rester seule chez moi le soir », a-t-elle déclaré, précisant qu’elle ne consulte désormais que des femmes médecins. Son frère, témoin des répercussions de l’agression, a ajouté avec émotion : « J’ai perdu ma sœur ce jour-là. »

Un mea culpa insuffisant

Dans une tentative de défense, Bassam El Absi a reconnu des « maladresses » et un « défaut de communication » avec ses patientes. « Je me suis peut-être mal comporté », a-t-il admis en préambule, les mains croisées, avant de nier fermement tout acte criminel.

Cette posture, mêlant excuses partielles et rejet des accusations, n’a pas convaincu les parties civiles, dont les murmures indignés se faisaient entendre dans la salle d’audience. L’ancien radiologue doit continuer à s’expliquer ce mercredi devant la cour.