Charente
Le maire de Saint-Séverin demande aux Périgourdins de cesser leurs dépôts de déchets
Face à un afflux massif de sacs noirs en provenance de Dordogne, le maire de Saint-Séverin, en Charente, a installé une banderole humoristique pour sensibiliser sur une situation qui coûte cher à sa commune.
Une banderole pour passer un message
« On aime les Périgourdins, mais pas leurs déchets. » C’est avec cette phrase affichée sur une banderole que Patrick Gallès, maire de Saint-Séverin, a décidé d’interpeller ses voisins de Dordogne. La raison ? De nombreux habitants du département voisin viennent déposer leurs ordures ménagères dans les conteneurs charentais.
« Nous constatons un afflux massif de déchets dans le sud-Charente », déplore Patrick Gallès. Selon lui, la mise en place de la redevance incitative en Dordogne par le SMD3 (Syndicat Mixte des Déchets de Dordogne) a poussé certains à chercher des alternatives gratuites. « Un agent municipal a même surpris une dame venue de Dordogne qui a admis que déposer ici était plus économique que chez elle », rapporte le maire.
Un coût élevé pour les Charentais
Selon France Bleu, les dépôts intempestifs de sacs noirs représentent un problème économique majeur pour la communauté de communes Lavalette Tude Dronne. Selon le syndicat Calitom, ces déchets supplémentaires génèrent une dépense annuelle de 80.000 euros. Pour les 17.000 habitants de cette communauté, cela équivaut à une charge supplémentaire de 4 euros par contribuable via la taxe d’ordures ménagères (TOM).
François Filippi, directeur général de Calitom, explique que ces dépôts représentent « 15 % de tonnages supplémentaires, soit 25 kilos de déchets par an et par habitant ».
Un appel à la sensibilisation plutôt qu’à la sanction
Contrairement à d’autres communes charentaises qui ont instauré une amende de 135 euros pour ceux qui jettent illégalement leurs ordures, Patrick Gallès a choisi une approche différente. « Essayons une méthode plus douce pour sensibiliser à ce problème », a-t-il proposé. La banderole se veut donc un « trait d’humour » pour rappeler que les déchets de Dordogne ne doivent pas peser sur les finances des contribuables charentais.
Une nouvelle politique de collecte en Charente
Le problème des déchets venus de Dordogne devrait être partiellement résolu grâce à un changement de politique de collecte en Charente. Le retour au porte-à-porte, avec une collecte hebdomadaire des sacs jaunes et bimensuelle des sacs noirs, entraînera la suppression des conteneurs collectifs accessibles en libre-service.
« Ce changement n’a pas été motivé par les déchets périgourdins, mais il répondra indirectement à cette problématique », précise François Filippi. En parallèle, Calitom envisage la construction d’un incinérateur commun à la Charente et la Charente-Maritime pour faire face à l’augmentation des coûts d’enfouissement prévue en 2025.
Une solution pour améliorer le tri
Ce nouveau dispositif vise avant tout à améliorer la qualité du tri des déchets à l’échelle départementale. « Nous voulons offrir plus de proximité pour inciter au tri et réduire les volumes enfouis », conclut François Filippi. Une initiative qui pourrait également mettre fin aux tensions entre Charente et Dordogne sur la gestion des ordures ménagères.