Maine-et-Loire
CHU d’Angers : finances sous tension, urgences sous pression, mais une trajectoire jugée maîtrisée

Engagé depuis le début de l’année 2025, le plan de performance du CHU d’Angers continue de produire ses effets dans un contexte national particulièrement dégradé pour l’hôpital public.
« Moins de cinq CHU en France seront à l’équilibre ou en excédent en 2025 », rappelle Cécile Jaglin-Grimonprez, soulignant une situation financière difficile pour l’ensemble des établissements.
Une crise financière nationale qui dépasse Angers
Pour la directrice générale du CHU d’Angers, les difficultés actuelles s’expliquent en grande partie par la hausse durable de la masse salariale, conséquence directe des revalorisations issues du Ségur de la santé. « C’était indispensable. Être payés dans la moyenne européenne pour les infirmières et aides-soignantes était une nécessité », insiste-t-elle.
Reste un déséquilibre majeur : ces mesures ne sont pas totalement compensées. L’augmentation des cotisations retraites représente à elle seule un surcoût estimé à 4,5 millions d’euros pour le CHU d’Angers, avec encore peu de visibilité sur les compensations attendues.
Un plan volontaire pour éviter le décrochage
Face à un déficit de 7,5 millions d’euros fin 2024, la direction a choisi d’agir rapidement. Sans mesures correctrices, le déficit aurait pu atteindre 15 millions d’euros. Le plan de performance engagé début 2025 vise précisément à éviter de franchir le seuil critique des 2 % de déficit des produits, au-delà duquel les établissements entrent dans un suivi renforcé.
À mi-décembre, 60 à 70 % des actions sont effectives. Le déficit 2025 est désormais estimé autour de 2,5 millions d’euros, contre 7,5 millions l’année précédente. Si l’ensemble des mesures avait été pleinement opérationnel dès le 1er janvier, l’exercice aurait même pu afficher un léger excédent. Le budget prévisionnel 2026, en cours de validation, vise un retour à l’équilibre.
Ressources humaines : pas de plan social
La direction insiste : le plan de performance n’est pas un plan social. Le nombre d’emplois continue d’augmenter, avec 45 équivalents temps plein supplémentaires fin 2025 par rapport à 2024. Les économies portent principalement sur une meilleure gestion des contrats de remplacement, parfois prolongés au-delà des besoins réels.
Les effets du plan d’attractivité post-Covid se font par ailleurs sentir : plus de postes vacants, un recours à l’intérim quasi nul et une baisse marquée de l’absentéisme, avec 434 arrêts maladie de moins sur un an.
Urgences sous pression à l’approche de l’hiver
Sur le terrain, la pression reste forte aux urgences. Ces dernières semaines, le service a enregistré jusqu’à 192 passages en une journée, contre une moyenne de 160 aux urgences adultes. La situation est rendue plus complexe par des locaux jugés inadaptés à de tels volumes et par une circulation intense des virus hivernaux, la grippe représentant environ 60 % des virus détectés.
La directrice générale appelle à la vigilance : « Il est encore temps de se faire vacciner, notamment avant les fêtes, pour protéger les personnes âgées et fragiles. »
Psychiatrie et aval des urgences : des tensions persistantes
Si le nombre de passages pour motifs psychiatriques reste stable, environ 30 par jour, près de la moitié de ces patients nécessitent désormais une hospitalisation, faute de solutions alternatives suffisantes. L’unité de courte durée est saturée, et les difficultés structurelles du secteur psychiatrique pèsent sur l’aval des urgences.
Pour y répondre, le CHU a renforcé ses dispositifs : unité post-urgences gériatriques, unités spécialisées en psychiatrie et création d’une unité passerelle destinée aux patients bloqués pour des raisons sociales complexes. Objectif : réduire les durées de séjour et libérer des lits dans les services les plus sous tension.
Le cabinet dentaire du CHU confirme son utilité
Parmi les nouvelles activités développées, le cabinet dentaire du CHU d’Angers répond à un besoin très identifié sur le territoire. Depuis son ouverture, 2 300 passages ont été enregistrés, correspondant à 1 131 patients pris en charge. Les rendez-vous sont très régulièrement complets, signe d’une forte demande.
La patientèle accueillie relève prioritairement de besoins de soins avérés et non de simples bilans de confort. En moyenne, chaque patient bénéficie de plusieurs rendez-vous, traduisant de véritables parcours de soins. Un bilan plus détaillé, notamment sur l’origine géographique des patients, sera présenté lors de la conférence de presse des vœux début 2026.
Anticiper et investir sans perdre le cap
Malgré les tensions, la direction maintient ses ambitions, notamment autour du projet Convergence, avec une ouverture prévue en 2029. Un chantier majeur, conditionné au respect strict des engagements financiers et au maintien d’une capacité d’autofinancement suffisante.
Dans un territoire en croissance démographique et confronté à de fortes tensions sur l’offre de soins, le CHU d’Angers tente ainsi de conjuguer rigueur budgétaire, adaptation de l’organisation et développement de nouvelles activités, pour rester au rendez-vous des besoins du Maine-et-Loire, mais aussi de la Sarthe et de la Mayenne.
