Justice
Une mère de famille demande des comptes au CHU d’Angers pour les « préjudices » que lui a causés sa péridurale

Une mère de famille a demandé au tribunal administratif de Nantes, ce jeudi 23 janvier 2025, de condamner le centre hospitalier universitaire (CHU) d’Angers (Maine-et-Loire) à l’indemniser des « préjudices » que lui a causé sa péridurale lors de la naissance de son cinquième enfant.
Samia XXX était arrivée le 15 septembre 2013 « peu avant minuit » alors que « la poche des eaux semblait rompue » et qu’elle était en proie à des « douleurs intenses », a commencé par recontextualiser la rapporteure publique. Une péridurale lui avait alors été pratiquée par un interne anesthésiste mais un « incident » avait été consigné : il était en lien avec « l’agitation » de la parturiente. Son fils était finalement né « en parfaite santé » mais la mère avait ressenti par la suite des « lombalgies » et une « faiblesse dans la jambe gauche ».
Samia XXX avait dans ces conditions saisi la justice administrative : ces séquelles étaient « en lien avec la péridurale », selon elle. Une première expertise avait été ordonnée par le tribunal administratif de Nantes en 2014 mais elle ne s’est pas avérée « utile » aux juges… Une seconde avait dû être confiée à un autre médecin quatre ans plus tard, en 2018. Sur cette base, le CHU d’Angers avait fait « une offre » indemnitaire à la requérante mais celle-ci l’avait « refusée », a encore rappelé la rapporteure publique aux trois juges nantais.
« L’existence d’une faute n’est pas contestée », a expliqué la magistrate. « L’interne a tenté le geste [médical, ndlr] sur une patiente agitée alors qu’une péridurale impose une coopération absolue du patient, qui doit rester immobile. » L’hôpital, néanmoins, estime qu’un « partage de responsabilités » doit être opéré entre lui-même et sa patiente.
Reste que l’interne a bel et bien commis une « erreur technique » avec cette « introduction trop profonde du cathéter », a recadré la rapporteure publique. Une « réaction adaptée » à « l’agitation » de cette parturiente qui n’était « pas en état de coopérer » et qui rendait l’opération plus « complexe » aurait été de la « calmer » ou de lui « expliquer que cela n’était pas possible » de pratiquer une péridurale dans ces conditions. L’intervention « ne présentait pas de caractère impératif » puisque « le bébé n’était pas en danger« , a souligné la magistrate.
La requérante, pour sa part, considère que les « troubles sensitifs » qu’elle a aujourd’hui « complexifient » sa « recherche d’emploi » puisqu’elle a été « reconnue travailleur handicapé ». Mais il « ressort clairement » du rapport de l’expert que ces « troubles sensitifs » sont « dépourvus de tout lien » avec la péridurale de 2013, a objecté la rapporteure publique. Au final, elle a donc suggéré aux juges de condamner le CHU d’Angers à verser un peu plus de 3.000 € à Samia XXX pour ses douleurs « légères » et son préjudice esthétique « minime ». Les frais des deux expertises de 2014 et 2018 doivent être mis à la charge de l’hôpital, selon elle, et le CHU devrait verser 2.000 € supplémentaires à la requérante pour ses frais de justice.
L’avocate de Samia XXX n’a pas fait d’autres observations à l’audience que celles déjà mentionnées dans ses mémoires écrits, tout comme son homologue en charge de la défense des intérêts du CHU d’Angers. La décision du tribunal administratif de Nantes sera connue dans les prochaines semaines./GF