Justice
Procès. A la barre, Gérard Depardieu nie toute intention sexuelle, son accusatrice l’accable

Gérard Depardieu a reconnu mardi, au deuxième jour de son procès, avoir attrapé par les hanches une femme qui l’accuse d’agression sexuelle sur le tournage d’un film en 2021, tout en niant que ce geste ait eu la moindre connotation sexuelle.
Appelée à la barre après l’acteur, la plaignante, Amélie K., a rejeté cette justification et décrit en détail l’agression qu’elle dit avoir subi, des attouchements brutaux accompagnés de propos orduriers qui l’ont laissée « pétrifiée » et « terrifiée » pendant que son agresseur riait.
C’est la première fois que Gérard Depardieu, âgé de 76 ans comparaît devant la justice pour répondre de diverses allégations d’agressions sexuelles et de viols, qui se sont accumulées contre lui depuis le début du mouvement #MeToo il y a six ans.
L’acteur, qui avait nié tout contact physique pendant sa garde à vue – sur le conseil de son avocat, a-t-il dit à la barre – a reconnu avoir saisi par les hanches Amélie K. dans l’hôtel particulier où se déroulait le tournage du film de Jean Becker « Les Volets Verts » en 2021.
« J’attrape les hanches comme j’attrape la barre là », a dit Gérard Depardieu, tentant de justifier ce geste par le fait que la femme, une décoratrice, ne l’aurait pas écouté alors qu’il lui reprochait de ne pas faire son travail correctement.
« Je prends la hanche pour ne pas glisser tellement j’étais agacé de son comportement, la chaleur, puis le vendredi, cette ambiance de fin de tournage, un homme qui est très fatigué », a-t-il argumenté.
Au juge qui lui demandait s’il conteste les faits dont il est accusé par le parquet, notamment d’avoir touché « les fesses, le sexe, et la poitrine par dessus les vêtements » d’Amélie K. et d’une deuxième plaignante, Gérard Depardieu a répondu que ses gestes n’étaient pas de nature sexuelle.
« Ce n’est pas que je les conteste, c’est que je ne vois pas pourquoi je m’amuserais à peloter une femme, je ne suis pas un frotteur dans le métro », a-t-il dit, ajoutant que son surpoids était tel à l’époque qu’il n’aurait pas pu coincer la plaignante « entre ses cuisses », comme un témoin a dit l’avoir vu faire.
Parfois confus, Gérard Depardieu a dit s’être excusé par la suite auprès d’Amélie K., mais uniquement, selon lui, parce qu’elle s’était sentie humiliée par la remise en cause de ses compétences professionnelles.
« YEUX FOUS »
« J’ai effectivement été très dur avec elle et elle a pu se sentir humiliée, et je suis désolé », a-t-il expliqué, disant avoir « dépassé un peu les bornes ».
Il a justifié les propos orduriers tenus devant la décoratrice par sa colère, niant là aussi toute intention sexuelle.
Appelée à son tour à la barre, Amélie K. a rejeté les justifications de Gérard Depardieu.
« Ce contact (physique) et ces excuses seraient donc un reproche professionnel sur un travail que j’aurais mal fait ? Je le découvre aujourd’hui, mais évidemment, c’est totalement faux », a-t-elle protesté.
« Il aurait pu me faire des reproches sur mon travail, mais il ne l’a pas fait. Ça arrive, c’est plutôt par les chefs, jamais par les comédiens. Mais pas sur ce film-là », a-t-elle assuré.
Amélie K. a raconté qu’après lui avoir dit précédemment diverses « cochonneries », Gérard Depardieu l’a attrapée alors qu’elle passait devant lui pour quitter le plateau.
« Il m’attrape, et il malaxe, devant, derrière, autour. Il me tient avec ses jambes, et c’est là que je me rends compte qu’il a vachement de force », a-t-elle témoigné, en décrivant les « yeux fous » et les propos orduriers tenus par l’acteur.
Disant être restée « pétrifiée » au début de l’agression, la décoratrice a précisé avoir « commencé à gesticuler » quand l’acteur lui a touché les seins jusqu’à ce qu’une personne, dont elle a dit supposer qu’il pourrait s’agir d’un garde du corps, la « tire par l’arrière » pour la soustraire à l’étreinte forcée.
« J’étais terrifiée, il riait, il avait une tête de fou », a-t-elle insisté.
Les débats vont se prolonger au moins jusqu’à mercredi voir jeudi , à raison de six heures par jour à cause de la santé fragile de l’acteur, qui a subi un quadruple pontage coronarien et souffre de diabète – d’où un report de cinq mois de son procès.
Gérard Depardieu encourt jusqu’à cinq ans de prison et 75.000 euros d’amende.