Vienne
Vienne : en pleine période de semis, les agriculteurs recourent à l’effarouchement pour protéger leurs cultures

À Neuville-de-Poitou, dans la Vienne, les agriculteurs sont en pleine période de semis, une étape particulièrement sensible pour les cultures. Comme chaque année, des méthodes d’effarouchement sont mises en place pour éviter les dégâts causés par les oiseaux, en particulier les pigeons et les corbeaux.
Selon France Bleu, sur l’exploitation du « Jardin des Saveurs », Dominique Pierre, l’un des exploitants, a installé un boîtier électronique sous le toit d’un bâtiment agricole. L’appareil, actif uniquement en journée, émet à intervalles réguliers des sons imitant des chants d’oiseaux. « Ça sert à éloigner les pigeons, les corbeaux qui viennent manger nos graines et nos produits. Sinon, on n’a plus rien », explique-t-il.
Méthodes combinées sur le terrain
Dans les champs voisins, d’autres dispositifs sont visibles : des rubalises disposées autour des zones les plus exposées et quelques épouvantails. L’agriculteur complète ce dispositif par des tirs occasionnels, depuis qu’il a passé son permis de chasse. Il explique qu’il intervient deux à trois fois par semaine : « C’était noir de corbeaux. Ils grattent la terre et arrachent les plantes pour manger la graine qui est au pied. »
L’année précédente, deux hectares de maïs avaient été perdus. Sa culture de tournesol n’avait pas été épargnée non plus. Le recours à un canon effaroucheur a été écarté : « On est proche des maisons donc c’est compliqué pour nous. Mais je comprends, je n’aimerais pas non plus avoir un canon qui détonne à côté de chez moi. »
Une tolérance locale dans le voisinage immédiat
À proximité de l’exploitation, les habitants du lotissement voisin se montrent compréhensifs. Alain, occupé dans son jardin, interroge sa voisine : « Ça te dérange toi les pétards ? » Monique, 91 ans, répond sans hésiter : « Non, je ne les entends pas du tout, les maisons sont bien isolées maintenant. »
Alain souligne que ces pratiques permettent de préserver les cultures : « C’est leur gagne-pain et ça nous nourrit. »
Un cadre réglementé pour limiter les nuisances
Un arrêté préfectoral datant de 2022 encadre strictement l’usage des dispositifs sonores d’effarouchement dans le département. Leur utilisation est interdite entre le coucher et le lever du soleil. Ils doivent être éloignés d’au moins 250 mètres des habitations et espacés de 100 mètres les uns des autres. La réglementation limite également les détonations à quatre par heure et à trois semaines consécutives d’utilisation.
Maxime Breillad, responsable de la production végétale à la Chambre d’agriculture de la Vienne, rappelle : « Il faut être assez intelligent pour trouver un juste milieu entre la protection des cultures et le respect des riverains. » Dominique Pierre abonde : « Si un canon détonne toutes les 10 minutes, l’oiseau s’habitue et n’a même plus peur. »