Politique
Le Sénateur Grégory Blanc sur la loi « fast fashion » : « Un premier pas, mais bien en deçà des enjeux »

Mardi 3 juin, le Sénat a adopté une proposition de loi visant à encadrer la fast fashion. Si le texte marque une avancée symbolique, le sénateur de Maine-et-Loire Grégory Blanc déplore un affaiblissement de son ambition initiale.
Un secteur parmi les plus polluants au monde
L’industrie textile figure parmi les plus grandes pollueuses de la planète. Chaque année, plus de 150 milliards de vêtements sont produits dans le monde, contribuant à près de 10 % des émissions globales de gaz à effet de serre. En plus de leur impact écologique, les géants de la fast fashion comme Shein fragilisent les filières locales de réemploi et de recyclage et s’appuient sur des conditions de travail souvent indignes.
C’est dans ce contexte que le Sénat a examiné une proposition de loi portée par le député socialiste Stéphane Delautrette, visant à encadrer ce modèle industriel. Trois mesures clés étaient au cœur du texte : la définition juridique de la fast fashion, un dispositif de bonus-malus écologique, et l’interdiction de la publicité pour ces produits.
Des reculs au Sénat
Mais pour Grégory Blanc, sénateur divers gauche de Maine-et-Loire et chef de file de l’opposition départementale, le texte adopté hier reste en retrait par rapport aux enjeux.
« Les sénateurs de la majorité ont vidé de sa substance le dispositif de bonus-malus écologique. C’est une occasion manquée de faire de la France un leader de la transition textile », déplore-t-il.
Des amendements essentiels ont été rejetés : extension du champ d’application à davantage d’acteurs, intégration de critères sociaux comme le respect du droit du travail, modulation de l’éco-contribution en fonction de l’impact environnemental… autant de leviers laissés de côté.
« Aucun critère social n’a été introduit, et les mesures favorisant la relocalisation ont été balayées. Ce statu quo protège les logiques de surproduction », regrette Grégory Blanc.
Un signal politique malgré tout
Malgré ces reculs, le sénateur reconnaît certains apports du texte. Il salue notamment l’interdiction des publicités incitant à la surconsommation, le renforcement de l’affichage environnemental, ainsi que les avancées obtenues sur l’encadrement de la logistique des plateformes de vente en ligne.
« La fast fashion est incompatible avec la transition écologique. Cette loi constitue un premier pas qu’il faudra impérativement consolider », insiste-t-il.
La France devient ainsi le premier pays européen à légiférer sur ce sujet, envoyant un signal politique fort en direction d’une consommation plus responsable. Mais pour Grégory Blanc, seule une action résolue permettra de transformer l’essai.