Cholet

Un « lieutenant » du trafic « industriel » de cannabis qui prospérait à Cholet maintenu en détention provisoire

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La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes a maintenu en détention provisoire, ce vendredi 31 mai 2024, le « lieutenant » présumé d’un trafic de stupéfiants organisé depuis Cholet (Maine-et-Loire) et par lequel auraient transité deux tonnes de cannabis.

Pour rappel, cette enquête avait initialement été ouverte à Lille (Nord), où le « déchiffrement » de la messagerie cryptée Sky ECC avait permis de révéler « plusieurs trafics », dont celui de Cholet, désormais connu pour ses « quantités industrielles ».

Sofiane XXX, le « commanditaire » présumé, avait finalement été identifié : il « réside au Maroc » et mettait en contact « plusieurs individus » avec « des chauffeurs marocains qui passaient la frontière espagnole », a-t-il été dit au cours de l’audience publique. Un mandat d’arrêt a été émis à son encontre le 29 novembre 2023 puisqu’il est « en fuite ».

Les camions étaient ensuite déchargés, et le cannabis « mis dans plusieurs véhicules » puis « stocké » ou « directement livré » à des destinataires. Une vague d’interpellations était justement intervenue à Cholet et Nantes (Loire-Atlantique) en mai 2022, après la découverte d’un camion chargé de près de 300 kg de cannabis dans les Landes.

PAS UN « DELINQUANT D’HABITUDE »

Dans ce dossier instruit par la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Rennes, une dizaine de protagonistes sont donc placés en détention provisoire depuis près de deux ans. L’un d’eux, Fahed XXX, avait obtenu son Assignation à résidence sous surveillance électronique (ARSE) en septembre 2023, après moult demandes soutenues devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes.

D’autres protagonistes ont fait des demandes similaires : le 1er février 2024, Amine XXX – dont la compagne est aussi mise en examen dans ce dossier – avait, en vain, demandé à sortir de prison. Ce Choletais de 28 ans – déjà condamné huit fois, dont la moitié pour des affaires de stupéfiants – est présenté par le juge d’instruction comme « le bras droit » de Frédéric XXX, lui-même « lieutenant » du commanditaire marocain.

Ce dernier – un « contrôleur technique » déjà condamné à huit reprises – a donc à son tour formé une demande de mise en liberté ce jeudi 30 mai 2024 devant la chambre de l’instruction : sa compagne avait d’ailleurs reconnu que son époux était « régulièrement au téléphone avec Sofiane XXX » après que 18 kg de cannabis aient été découverts à leur domicile, avec une « arme de poing chargée » et des « cartouches ». Près de 37.000 € et des « carnets de comptes » avaient aussi été retrouvés par les enquêteurs.

Cet homme de 34 ans a pour sa part reconnu avoir « bien participé » au trafic : il avait en fait « perdu une cargaison » et avait « une dette de 350.000 € » à rembourser. Un « donneur d’ordre » lui aurait donc remis « un téléphone crypté » et Frédéric XXX avait été « contraint de participer » à ce trafic dont l’ampleur l’a « dépassé », a-t-il assuré au juge d’instruction. Au total, 24 importations et 16 remises lui sont reprochées à ce stade. « On a l’impression que vous aviez une parfaite autonomie dans la gestion du trafic et que vous n’avez pas seulement répondu aux ordres », lui a fait remarquer la présidente de la chambre de l’instruction.

UN PROCES DESORMAIS IMMINENT

Mais pour son avocat, Me Saïd Harir, le trentenaire est « maintenu en détention depuis dix-huit mois » alors qu’il ne se passe « plus rien » dans le dossier depuis décembre 2023 et que son client n’est « pas un délinquant d’habitude ». Surtout, le « donneur d’ordre » se trouve « depuis deux ans » au Maroc mais il n’y a « aucune commission rogatoire internationale » et « on n’a pas demandé au procureur du Roi du Maroc d’aller le chercher ».

Son client – un père de deux enfants, marié depuis dix ans avec une femme mise en examen à ses côtés – vit aussi « sa première détention » dans une prison « sur-occupée à 177,8 % ». Il souhaitait donc son placement sous « contrôle judiciaire » à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), chez sa sœur, ou à Tourcoing (Nord).

Mais pour l’avocat général, cette « pauvre chose dans la misère » devait être maintenue en détention : une « saisie immobilière de 150.000 € » a été opérée sur son patrimoine. Il y avait aussi « 15.000 € de sommes inscrites sur son compte bancaire » et il s’est « vanté de faire 400.000 € de bénéfices par mois ». Son niveau d’implication est par ailleurs « élevé » : Frédéric XXX est en effet « en capacité d’organiser un réseau » et n’est pas « un pion sous pression ». Le représentant du parquet général avait donc conclu qu’il était « capital » de le laisser en prison « pour éviter qu’il ne se relance dans de tels agissements » ou qu’il ne « fuie ses responsabilités ».

Frédéric XXX a donc été maintenu en détention provisoire par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes ce vendredi 31 mai 2024. Il comparaitra donc probablement détenu, en juillet 2024, aux côtés de quinze autres personnes – majoritairement originaires de la région choletaise – devant le tribunal correctionnel de Rennes./CB

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