Cholet
MAINE-ET-LOIRE : Un « grand timide » de Cholet jugé aux assises après une fusillade survenue à Nantes en 2019

Un habitant de Cholet (Maine-et-Loire) est actuellement jugé par la cour d’assises d’Ille-et-Vilaine depuis le mardi 14 janvier 2025 pour avoir joué un rôle dans les fusillades survenues à Nantes (Loire-Atlantique) en avril 2019.
Pour rappel, en avril 2019, la ville de Nantes avait été le théâtre de règlements de comptes sanglants sur fond de trafic de stupéfiants : dans cette affaire, plusieurs hommes avaient été blessés lors d’épisodes de tirs à l’arme de guerre dans le quartier Bellevue.
A l’époque, Mohamed XXX, un trafiquant de stupéfiants bien connu de la justice, aurait décidé de trahir « le patron des patrons », Issam XXX, et de « casser les prix » du marché de la drogue, ce qui aurait déclenché la fureur du second et une série de représailles. Le jeune homme avait donc été visé par une tentative de meurtre dans la nuit du 4 au 5 avril 2019, et sa main avait été grièvement atteinte.
« Issam est à l’origine d’une vraie guerre et utilise ses petits chiens », avait déclaré Mohamed XXX, orientant ainsi l’enquête vers son rival, en fuite au Maroc et que la justice n’a pas jugé opportun de renvoyer devant la cour d’assises d’Ille-et-Vilaine.
PROCHE D’UN AUTRE ACCUSE
Kevin XXX, 31 ans, l’avait lui été par une juge d’instruction de la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Rennes dans une Ordonnance de mise en accusation (OMA) en date du 22 septembre 2023 pour la seule « association de malfaiteurs » : son « meilleur ami » Anthony XXX avait reconnu qu’il « stockait des armes » pour « les donner à des gens qui tirent en l’air dans le quartier » et lui-même avait un train de vie incohérent avec le fait qu’il n’avait pas d’activité déclarée. Ses trajets étaient aussi suspects, aux yeux des enquêteurs.
Le 26 janvier 2024, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes avait estimé qu’il n’existait pas de « charges suffisantes » à son encontre pour le faire comparaitre, comme d’autres, pour « tentative de meurtre en bande organisée », ni pour les infractions relatives à la législation sur les armes.
En revanche, la chambre de l’instruction avait estimé qu’il y avait bel et bien lieu de juger ce père de deux enfants – qui habitait à l’époque Bellevue – pour « association de malfaiteurs » en vue de « la préparation de crimes », un délit qui reste passible de dix ans d’emprisonnement.
Un autre protagoniste du dossier avait en effet expliqué aux enquêteurs que lui et son ami Anthony XXX – surnommé « Big Deal » ou encore « le boss de Malakoff », un autre quartier sensible de Nantes – faisaient « des choses bizarres » et qu’ils « menaient grand train ». Une « paire de gants » avait par ailleurs été découverte dans la moto de Kevin XXX, laissant apparaitre « plusieurs particules compatibles avec des résidus de poudre ». Lui et son ami avaient aussi utilisé les téléphones de leurs compagnes pour communiquer.
IL N’A « RIEN A SE REPROCHER » ET SE REFUGIE CHEZ SES BEAUX-PARENTS
« Il ne pouvait pas ignorer l’implication de son ami à une entreprise délinquante en lien avec les stupéfiants », en avait déduit la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes. Les policiers de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI) avaient donc tenté d’interpeller les deux amis, chacun dans leur voiture, mais les deux leur avaient échappé. Les forces de l’ordre avaient même accusé Kevin XXX d’avoir foncé sur eux pour prendre la fuite, mais il a contesté ces accusations et elles n’ont jamais été poursuivies par la justice.
« Pris de panique », il était simplement parti avec femme et enfants dans le Maine-et-Loire, chez ses beaux-parents, pensant ne rien avoir à « se reprocher », a expliqué sa femme ce vendredi 17 janvier 2025 lors de son témoignage devant la cour d’assises d’Ille-et-Vilaine. « C’est vrai qu’on aurait pu faire les choses autrement », a-t-elle simplement concédé.
A sa sortie de détention, sa femme était donc retournée vivre en Anjou avec ses enfants, pour se rapprocher de sa famille. Depuis lors, le trentenaire a été remis en liberté et s’est établi à Cholet avec eux. Et aujourd’hui, Kevin XXX assure qu’il n’était « pas au courant » de ce projet criminel.
Désormais, cet homme uniquement condamné pour des faits de « conduite sans permis » espère simplement pouvoir « construire sa maison » et « être bien » avec sa famille. Ce « grand timide », défendu par Me Sobieslaw Bemmoussat, demandera donc à être acquitté par la cour d’assises d’Ille-et-Vilaine, à l’issue du verdict qui est attendu ce vendredi 24 janvier 2025./CB