Jeux Olympiques
Championnats de France d’Athlétisme à Angers. Amandine Brossier s’impose dans les séries du 400M
1ère journée des Championnats de France d’Athlétisme au Stade stade Roger et Josette Mikulak à Angers, Pablo Matéo a dominé la ligne droite en abaissant son record à 10’’08 et rêve désormais du doublé, avec la soif de victoires qui le caractérise. Les 5000 m sont revenus logiquement à Yann Schrub et Sarah Madeleine, qui ont fait le plein de confiance à l’approche des Jeux olympiques. Enfin, de belles promesses dans les lancers avec Rose Loga au marteau et Amanda Ngandu-Ntumba au poids. Et notre Angevine Amandine Brossier s’impose dans sa série du 400M en attendant la suite.
Sur 400M , l’angevine Amandine Brossier s’impose facilement des trois séries de la journée sur avec 51″33, sa meilleure performance de l’année, elle réalisé 51″30 à Rome le 8 juin dernier. La finale est prévue ce samedi à 19h30.
Ouverture de la billetterie : Le temps fort
Matéo tient parole
Les séries du 100 m avaient confirmé ce que les listes d’engagement laissaient présager : la finale serait ouverte. A mi-course, ils étaient encore cinq à pouvoir s’imposer, à commencer par Jeff Erius (Lille Métropole Athlétisme), sorti des blocs comme un avion. Dans les trente derniers mètres, là où tout début de crispation se paie au prix fort, c’est Pablo Matéo qui s’est détaché, en réussissant à dérouler sa foulée de façon plus déliée que les autres. En 10’’08, le sprinter du Lisses AC a succédé au palmarès à son camarade d’entraînement Mouhamadou Fall, avec trois centièmes d’avance sur Erius. « J’ai bien dormi pour la première fois depuis deux semaines, et quand je suis en forme, ce n’est plus la même chose. J’avais prévenu, et aujourd’hui, on a vu qui est le meilleur ! », plastronnait-il devant le micro des journalistes. Et même s’il était « venu pour faire moins de 10’’ », Matéo se satisfait de son nouveau record en conditions légales. « C’est le minimum, mais c’est déjà ça », soufflait-il
Son dauphin alsacien, s’il se satisfaisait de son « excellente première partie de course », reconnaissait s’être « un peu crispé » dans le money time. « Ca me coûte quelques centièmes, mais bravo à lui. C’était lui le plus fort aujourd’hui », avouait Erius. A l’écouter, c’est sa spécialisation de « coureur de 200 m » qui a permis à Pablo Matéo de faire la différence sur les autres dans les derniers mètres. L’Essonnien sera d’ailleurs au départ du demi-tour de piste dès samedi. Avec des ambitions décuplées. « J’espère que vous serez au rendez-vous, parce que j’annonce un gros chrono ! Moins de 20’’, ça vous va ? » Même Christophe Lemaitre, présent à Angers après avoir annoncé sa retraite, n’a jamais réussi cela aux France. « Il faut bien une première fois. Une légende s’en va, une autre légende doit naître », prophétisait le nouveau roi du cent.
La perf
Loga enchaine
Pour la première fois depuis 2013, Alexandra Tavernier a été battue aux championnats de France Elite (elle était absente en 2015 lors de la victoire de Laetitia Bambara, puisqu’aux Europe U23 à Tallinn (Estonie)). La sentence ne pouvait venir que de Rose Loga, encore fallait-il le faire. La lanceuse de l’ACLAM a surmonté sa nervosité de début de concours pour prendre la tête au quatrième essai, avant de claquer un jet à 70,60 m à la rotation suivante. Le baroud d’honneur de la recordwoman de France, créditée de 69,50 m à son dernier essai, n’a pas suffi.
N’allez pas chercher une once de fierté chez Loga après avoir déboulonné la statue de la Savoyarde. « Je ne me réfère pas aux autres, ce n’est que ma performance personnelle qui compte », raisonnait-elle. Ce qu’elle préférait retenir, c’est « l’histoire » de son concours. « Plus que le titre, c’est de faire 70 m qui me rend heureuse, parce que malgré la forme, le début de concours était poussif. Mordre, ça met une certaine incertitude, et une petite pression. J’espère que ça ne va pas m’arriver tout le temps, parce que ça amène de l’appréhension. » Elle aura encore droit à un peu d’approximation la semaine prochaine au meeting de Paris qu’elle attend avec « grande impatience », avant de se lancer dans le grand bain des Jeux.
Sa dauphine, « piquée dans [son] ego » gardait le sourire malgré sa découverte non-désirée de la médaille d’argent. « On ne se rend pas compte, mais le titre national est important. Ça fait un petit pincement au cœur, mais je vais me relever et l’an prochain, je battrai le record de Manu », se projetait la Savoyarde, qui souhaite améliorer le total de titre de Manuela Montebrun avant de « passer le flambeau ».
Le chiffre
1
Double médaillé européen sur 5000 m, avec le bronze en 2022 et l’argent au début du mois à Rome, Yann Schrub n’était curieusement jamais monté sur la plus haute marche du podium dans le cadre des championnats de France Elite. Une incongruité réparée grâce à une victoire autoritaire ce vendredi soir, sur une piste angevine caressée par le soleil de la ‘’golden hour’’. Après avoir laissé Romain Legendre (US Talence) accélérer franchement le rythme à un kilomètre de l’arrivée, le fondeur de l’Athlé Sports Sarreguemines Arrondissements a pris la tête à un peu plus d’un tour de la ligne pour l’emporter en 13’41’’38, devant l’admirable Aquitain (13’42’’71) et le sociétaire du Sèvre Bocage AC Hugo Hay (13’45’’37), encore un peu juste dans l’emballage final pour sa première course de la saison. Le tout sous les yeux de Jimmy Gressier, venu dans le Maine-et-Loire faire constater une tendinite. Vu des tribunes, la prestation du Mosellan semblait limpide, mais le principal intéressé confiait pourtant ne pas avoir les jambes des grands jours. « Forcément, je n’avais pas les mêmes sensations qu’à Rome, confiait-il quelques minutes après la course. J’ai eu du mal à récupérer après les Europe, j’ai aussi profité et un peu coupé. » Il va désormais pouvoir se lancer, serein, dans la préparation finale des Jeux olympiques. Il prendra dès demain la direction de Vichy pour un stage, en ayant déjà la tête « au Stade de France ».
La décla
« Can we have two golds »
La fameuse phrase de Gianmarco Tamberi et Mutaz Barshim, qui s’étaient partagé l’or olympique à Tokyo, a ressurgi dans la bouche de Maxime Dubiez (EFCVO) et Martin Lefevre (Villeneuve d’Ascq Frétin Athlétisme), ce vendredi. Les deux compères, impeccables jusqu’à 2,13 m, ont préféré gagner conjointement plutôt que de disputer un barrage après avoir échoué tous les deux à 2,17 m : « Quoi de mieux dans ce superbe sport que de partager une victoire ? »
Et aussi
Amanda Ngandu-Ntumba change de camp
Son explosion de joie à l’arrivée, avec un sprint vers la ligne de départ du 100 m pour saluer ses proches installés de l’autre côté de la balustrade, n’était pas celui d’une simple championne de France Elite. Et pour cause, en étant sacrée haut la main sur 5000 m en 15’44’’88, Sarah Madeleine a fait un grand pas vers les Jeux olympiques. Sa victoire lui permet en effet de n’avoir besoin « que » d’une place dans le top 32 au ranking afin d’être sélectionnable pour ce graal, ce qui, sauf catastrophe, devrait être le cas au moment du comité de sélection, en milieu de semaine prochaine. « Il y avait pas mal de pression aujourd’hui, même si j’étais au-dessus », confiait la sociétaire de l’Entente Franconville Cesame Val d’Oise, qui a repoussé sa dauphine, Aude Clavier (Amiens UC), à plus de douze secondes, après avoir pourtant attendu les deux derniers kilomètres pour porter son effort.
Dans les lancers, la performance du jour est venue d’Amanda Ngandu-Ntumba, qui a expédié son poids à 17,11 m au cinquième essai pour décrocher l’or sans trembler. Le premier jet de sa carrière au-delà de la ligne des 17 m, qui n’avait plus été atteinte aux championnats de France depuis huit ans, et qui en fait la sixième meilleure performeuse française de tous les temps.
Au javelot, grande première pour l’espoir du Nice Côte d’Azur Athlétisme Lenny Brisseault, champion de France grâce à un quatrième essai à 71,49 m lors d’un concours perturbé par un vent tourbillonnant. Une affaire de famille puisque son père, David, était monté avant lui sur la plus haute marche du podium dans la discipline à trois reprises (1997, 2004 et 2005).
Le triple saut, privé d’Ilionis Guillaume forfait de dernière minute en raison d’une gêne en haut du quadriceps, a souri à Anne-Suzanna Fosther-Katta. La sauteuse de l’ES Montgeron, étudiante à l’université du Texas, est allée chercher l’or au sixième et dernier essai avec 13,77 m (+1,7), huit centimètres devant Rouguy Diallo (Nice Côte d’Azur Athlétisme).
Enfin, la journée s’est terminée par le sacre d’Ana Delahaie (Stade Bordelais) sur 10 000 m marche en 45’41’’15, après la disqualification de Maële Biré-Heslouis (Pays Saint-Lois Athlétisme) qui occupait jusque-là la tête.