Vendée
La Roche-sur-Yon : Un 80ᵉ anniversaire de la Libération célébré en toute discrétion

Ce mardi, La Roche-sur-Yon commémore sobrement le 80ᵉ anniversaire de sa libération. Bien que la date officielle soit le 17 septembre 1944, les troupes allemandes avaient déjà quitté la ville dix jours auparavant pour rejoindre Saint-Nazaire et La Rochelle.
Une résistance tardive en Vendée
La Résistance en Vendée s’est organisée plus tardivement que dans d’autres régions françaises. Hélène Bertrand Trajan, fille de résistants et ancienne professeure d’histoire en Vendée, explique ce retard : « Les armes manquaient cruellement. » Bien qu’il y ait eu des parachutages d’armes à l’été 1943, ceux-ci furent vite découverts par l’armée allemande. « Les résistants impliqués ont été arrêtés, déportés, et beaucoup ne sont jamais revenus des camps », ajoute-t-elle.
Le débarquement des forces alliées en Normandie, le 6 juin 1944, a redonné espoir aux résistants vendéens. À partir de ce moment, l’armée allemande a commencé à battre en retraite, concentrant ses forces vers La Rochelle et Saint-Nazaire.
Le retour des déportés : un moment poignant
La libération de La Roche-sur-Yon ne s’est pas limitée au départ des troupes allemandes. Elle a également marqué le début du retour des déportés vendéens ayant survécu aux camps de concentration. Françoise Gouin Grousset, fille de résistant et fondatrice d’un musée de la résistance et de la déportation dans la ville, raconte : « La plupart des résistants et des familles juives de Vendée ne pensaient pas être en danger, car il n’y avait pas de problème racial ici. Seule la famille Akriche a pris l’avertissement au sérieux. »
Son musée a été créé dans le but de ne jamais oublier ces histoires tragiques. « Quand j’ai ouvert ce musée, j’étais pessimiste quant à la mémoire de cette époque, mais j’ai depuis rencontré une nouvelle génération curieuse et soucieuse de ne jamais oublier », confie Françoise, optimiste quant à la transmission de l’histoire.
Une libération progressive
Même si les troupes allemandes ont quitté La Roche-sur-Yon le 7 septembre 1944, la véritable libération des Yonnais ne s’est fait ressentir que plusieurs jours plus tard. La date officielle de la libération de la Vendée est fixée au 17 septembre 1944, un événement principalement orchestré par les résistants et maquisards locaux, en l’absence des forces alliées. Après avoir libéré Nantes le 12 août 1944, les troupes alliées ont, en effet, pris la direction de l’Allemagne sans passer par la Vendée.
Des actions de résistance courageuses
Selon France Bleu, Hélène Bertrand Trajan rappelle que, malgré un soutien logistique limité, les résistants vendéens ont fait preuve de courage face à l’armée allemande en déroute. « Il y a eu des parachutages d’armes à Dompierre-sur-Yon et un arrivage d’armes au port des Sables d’Olonne. Mais, la plupart du temps, il fallait capturer les armes sur les Allemands eux-mêmes », raconte-t-elle. En août 1944, des convois allemands traversaient encore la Vendée pour rejoindre les poches de résistance à La Rochelle et Saint-Nazaire. « Cette armée en déroute était d’autant plus dangereuse qu’elle se savait condamnée », conclut-elle.