Vienne
Six mois après les inondations, les commerçants de Montmorillon attendent toujours les réparations
Près de six mois après les inondations de Pâques qui ont frappé Montmorillon, de nombreux commerçants et artisans attendent encore de pouvoir finaliser les travaux dans leurs établissements.
Malgré la reprise de leur activité, des signes de dégâts persistent, comme le montre le salon de coiffure d’Anne Hébras, situé près de la Gartempe. « Le carrelage se décolle et les plinthes sont abîmées », confie la propriétaire. « C’est presque comme au jour de l’inondation. » Avec 30 centimètres d’eau dans son salon, elle a réussi à limiter les pertes grâce à l’aide de son père, qui a fait quelques réparations temporaires. Toutefois, des travaux de carrelage sont prévus pour octobre, nécessitant une fermeture d’une semaine.
Des restaurateurs mobilisés face à l’urgence
Un peu plus bas, Hélène Luu et son mari, propriétaires d’un restaurant vietnamien, ont également dû faire face à la catastrophe. « Nous avons eu jusqu’à 70 centimètres d’eau », explique Hélène Luu. Son mari s’est chargé du nettoyage et de l’assèchement pour que l’établissement puisse rouvrir deux semaines après l’inondation. « Si nous avions fait appel à des professionnels, cela aurait été beaucoup plus coûteux », précise-t-elle. Le montant des dégâts dans leur restaurant est estimé à 20 000 euros, tandis que Franck Soury, propriétaire d’une boucherie, a évalué ses pertes entre 36 000 et 38 000 euros. Heureusement, 80 % de ces coûts ont été couverts par les assurances et les dispositifs d’aide.
Le fonds calamité, un soutien essentiel
Pour aider les commerçants et artisans touchés par les inondations, la Chambre des Métiers et de l’Artisanat (CMA) de la Vienne a mis en place un fonds calamité. Ce dispositif permet de verser jusqu’à 1 500 euros aux sinistrés qui en font la demande. « Le montant varie en fonction de la couverture des assurances et de la gravité des dégâts », explique Gérard Gomez, président de la CMA Nouvelle-Aquitaine. Initialement, une enveloppe de 54 000 euros avait été prévue pour la trentaine de professionnels affectés, mais seulement 11 d’entre eux ont déposé une demande, précise Karine Desroses, présidente de la CMA de la Vienne.
Malgré ces aides, certains commerces, déjà fragiles avant la catastrophe, n’ont pas survécu et ont dû fermer définitivement leurs portes.
Les retards dans les travaux s’accumulent
Le principal frein à la reprise complète des activités réside dans les délais d’expertise et de travaux. « Le temps que l’expert passe, puis que les travaux soient réalisés, avec l’été au milieu, cela prend plusieurs mois », souligne Karine Desroses. Anne Hébras, la coiffeuse, témoigne de cette lenteur : « J’ai vu l’expert en juin, mais trouver une entreprise disponible pour faire les travaux, c’est compliqué ! ». Une autre coiffeuse de Montmorillon n’a pu rouvrir qu’en juillet après trois mois de fermeture complète, subissant une perte d’exploitation importante.
La situation n’est pas différente pour la municipalité. Le maire, Bernard Blanchet, explique que la mairie a été en partie inondée et que certaines chaussées ont été endommagées. « Nous attendons encore l’indemnisation, car l’expert n’est passé que récemment. »
Des événements climatiques de plus en plus fréquents
Le fonds calamité devient un outil de plus en plus sollicité en raison de la fréquence croissante des événements climatiques extrêmes, déplore Gérard Gomez. Certaines assurances, pourtant essentielles dans ces situations, ne facilitent pas toujours les démarches. La CMA de la Vienne a ainsi remonté plusieurs cas de difficultés liées au passage des experts ou à des litiges avec les assurances, compliquant encore davantage la reprise des commerces et des activités artisanales.