Angers

Le retour de Christophe Béchu au Sénat. [VIDEO]

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DR- Le Retour de Christophe Béchu au Sénat

DR- Le Retour de Christophe Béchu au Sénat

Le maire d’Angers était hier au Sénat pour participer au vote désignant le futur président de la haute assemblée. Il nous a, à cette occasion, accordé une interview exclusive dans les salons du palais du Luxembourg, sous l’œil de notre caméra. L’occasion pour lui de nous parler en détails de son autre mandat : celui de sénateur du Maine-et-Loire, qu’il exerce depuis 2011.

Christophe Béchu est tout sourire dans les couloirs de Vaugirard, il s’arrête, prend le temps de discuter avec ses collègues du groupe UMP. Et pour cause, après trois ans de présidence socialiste sous la direction de Jean-Pierre Bel, le sénat repasse à droite sous l’impulsion de Gérard Larcher, qui signe un retour inédit dans l’histoire de la haute assemblée.

Le Maire d’Angers reconnaît ses absences des derniers mois « au cours des 12 derniers mois, il y a eu 6 mois de campagne et d’installation à la mairie pendant lesquels j’ai été effectivement peu présent », mais cela semble être révolu. Christophe Béchu est redevenu sénateur à part entière. D’ailleurs, comme il l’avait annoncé lors de sa conférence de presse de rentrée, il s’apprête à déposer une proposition de loi appelant à instaurer une charte éthique des élus municipaux : « je vais déposer une proposition loi qui permettra d’opérer une réfaction des indemnités sur la base des absences durant les conseils municipaux », nous à nouveau confirmé Monsieur Béchu.

Pour cela, il espère placer ce projet dans l’ordre du jour sénatorial du gouvernement, afin d’en accélérer le calendrier. Le sénateur défend une loi « consensuelle », « qui s’inscrit dans un but de moralisation de la vie politique » et qui pourrait donc faire partie de l’ordre du jour prioritaire, plutôt que d’attendre les beaucoup moins fréquentes niches parlementaires.

La situation d’élus à la fois maire et sénateur deviendra impossible à partir de 2017 et l’entrée en vigueur de la loi sur le non-cumul des mandats, ainsi, le sénateur-maire a d’ores et déjà pris sa décision, il appliquera le non-cumul « en faisant le choix de la mairie d’Angers ». En attendant, il compte pleinement profiter de son appartenance à la commission des lois, qui lui permet « de faire remonter des problèmes de terrain » comme le cas de la maison d’arrêt, où les conditions de détention sont très précaires, l’État ayant même été condamné à verser des dommages et intérêts à un détenu pour le « préjudice qu’il avait subi » en étant incarcéré dans la prison angevine. En dehors de la commission des lois, Christophe Béchu s’est une nouvelle fois engagé à ne prendre aucune nouvelles responsabilités, alors qu’il est déjà maire d’Angers et président de l’agglomération.

Interrogé sur la question de l’utilité du Sénat, C.Béchu vante les bienfaits du bicamérisme (deux chambres parlementaires), qui permet d’éviter le fait qu’une loi soit votée « sous le coup de l’émotion ». Il comprend cependant certaines revendications des citoyens, considérant que le nombre d’élus est trop élevé et préconisant un autre mode d’élection des sénateur, basé sur l’automaticité. Enfin, il prône une opposition sénatoriale (le Sénat ayant son mot à dire dans la procédure législative et étant désormais composé d’un majorité de droite, il devient le lieu privilégié de l’opposition face à un exécutif socialiste et une assemblée nationale à majorité de gauche) non « caricaturale », mais constructive, notamment sur certains sujets comme la transition énergétique. Cet entretien a également été l’occasion pour le maire d’Angers de tacler la politique familiale du gouvernement, qui aura selon lui un impact sur la consommation des familles et donc sur une croissance déjà en berne.

Interview

Q.P : Le Sénat repasse à droite, Gérard Larcher devrait être, sauf surprise, réélu à la présidence de la haute assemblée. Vous disiez, lors d’un RDV avec la presse en marge du conseil municipal (vendredi dernier), plaider pour « une opposition constructive » de la droite sénatoriale . Pouvez- vous développer ce concept ?

Christophe Béchu : Qu’il y est une opposition dans une démocratie, non seulement c’est normal, mais c’est également sain car cela permet le débat d’idées. Ce que je souhaite, c’est que l’on ne soit pas dans une opposition caricaturale, qui consiste à dire non, uniquement car ce qui est proposé l’est par la majorité. Quand on est d’accord, il faut être capable de voter les textes. Quand
l’on ne l’est pas, il faut expliquer ce que l’on ferait à la place. Prenons deux exemples. Aujourd’hui, il serait irresponsable de dire que le gouvernement a tort de faire des économies. On a tous conscience qu’avec une dette qui atteint aujourd’hui 2000 milliards d’euros, la question n’est pas de savoir si on fait des économies ou non, mais de se demander quelles économies il faut faire. L’opposition
constructive, ce n’est pas de dire que tout cela est scandaleux, mais de demander au gouvernement comment il peut penser que c’est une bonne manière de faire des économies que de les faire sur des familles qui consomment. En touchant à la consommation, on va freiner la croissance, notamment en s’attaquant à des familles qui épargnent moins que des personnes seules. Le deuxième exemple est celui de la loi sur la transition énergétique, qui fera l’objet d’un débat dans quelques jours. Personne ne peut contester cet enjeu majeur pour notre pays et notre planète. On peut éventuellement débattre des modalités mais, sur le principe et sur l’ambition, il faut que l’on
soient aussi capables de soutenir un processus fondamental, qui permet à la fois d’assurer l’avenir des générations qui nous suivront, de dépenser moins et de produire de l’énergie de manière plus responsable.

Q.P Quelle sera votre rôle dans cette nouvelle majorité sénatoriale ?

Christophe Béchu : Dans les huit-dix prochains jours va être installé le nouveau sénat : président, présidents de groupes, questeurs, présidents de commission, tout ceux qui vont occuper des responsabilités particulières dans le Sénat. Je ne suis candidat à aucune de ces responsabilités. La raison est simple : mes nouvelles responsabilités en tant que maire et président de l’agglomération ne me laissent absolument pas le temps d’assumer des responsabilités qui m’obligeraient à être présent sur Paris plus de deux jours et demi par semaine. Je souhaite par contre rester dans la commission des lois, car c’est cette commission qui examine les textes qui concernent les collectivités locales. A ce titre, en temps que maire d’une grande ville, cet endroit me permet de faire remonter des éléments de terrain et de participer à l’élaboration d’un processus législatif. Je pense par exemple aux textes qui ont concerné la réforme territoriale, les compétences des collectivités et la réforme des rythmes scolaires. Cette commission me permettra également de relayer un certain nombre d’informations portant sur des sujets locaux comme le devenir du commissariat d’Angers, avec des conditions de travail pour les policiers nationaux qui ne sont pas dignes de ce que l’État devrait leur offrir. Et également l’état de la prison d’Angers. L’État a été condamné par un détenu qui a purgé une peine à la maison d’arrêt d’Angers, parce qu’un tribunal a
considéré qu’il y avait une telle absence de dignité dans la manière dont il avait purgé cette peine, qu’il était logique qu’il soit indemnisé pour le préjudice qu’il avait subi. Tout cela justifie mon choix de reconstruire une nouvelle prison à Trélazé et de libérer l’actuelle maison d’arrêt, classée monument historique et qui ne peut donc pas faire l’objet de travaux de rénovation.

QP : Aujourd’hui, il y a une pensée montante dans l’opinion publique, celle selon laquelle le Sénat serait obsolète, presque inutile à la cinquième république. Que répondez vous aux nombreux citoyens qui partagent cet avis ?

Christophe Béchu : Le sénat est très méconnu. On le voit comme la maison de retraite de la république, on pense que ceux qui sont à l’intérieur sont des privilégiés, qu’ils font la sieste en attendant que tout se passe. La réalité est assez différente. Tout d’abord, toutes les grandes démocraties reposent sur le principe du bicamérisme, c’est-à-dire le fait d’avoir deux chambres. Cela permet d’éviter le fait qu’un loi soit votée sous le coup de l’émotion. Le fait qu’il y ait deux endroits où l’on puisse discuter de la loi, cela permet qu’elle dure. Cependant, cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas des choses à réformer. Je m’associe à certaines critiques de l’opinion publique.
Par exemple, je considère qu’il y a trop de parlementaires dans notre pays. Quand vous additionnez le nombre de députés et de sénateurs, cela fait plus de 900 ! D’autres pays autour de nous ont beaucoup moins de parlementaires, rapporté à leur population. Quand il y a trop de parlementaires, cela ne veut pas forcément dire qu’ils sont aussi efficaces et aussi utiles que lorsqu’il
y en moins. Quand au mode d’élection des sénateurs, ne pourrait-il pas être modifié ? Il pourrait par exemple y avoir une automaticité entre les présidents des régions, des départements, des grandes villes, et les présidents d’association de maires pour qu’ils soient automatiquement sénateurs sans indemnités, car déjà indemnisé de part leurs mandats locaux. Cela fait partie de ce que j’avais
exprimé lors de la réforme sur le non-cumul des mandats, applicable à l’assemblée mais qui est, au sénat, une fausse bonne idée. Cela dénature son rôle de chambres des collectivités territoriales. Et, en même temps, je pense qu ce qui choque l’opinion, c’est peut-être moins le cumul des mandats, que ce qu’ils perçoivent comme étant un cumul d’avantages.

QP Vous vous êtes engagé, lors de votre conférence de presse de rentrée, à déposer une propositionde loi relative à la charte éthique des élus, pouvons nous en savoir plus sur les modalités, et surtout sur le calendrier.

Christophe Béchu : Je vais déposer une proposition de loi qui permettra d’opérer une réfaction des indemnités sur la base des absences dans les conseils municipaux. Cela existe déjà au niveau des départements et des régions. On va copier les dispositifs qui sont dans le code général des collectivités territoriales pour ces conseils (généraux et régionaux) et étudier la manière de le proposer pour les communes. Cela sera fait avant noël, dans les semaines à venir. Cette proposition sera déposée devant la commission des lois. Travaillant dans cette commission, j’aurais la possibilité d’en être l’auteur et de la défendre pendant le travail législatif de préparation. Ensuite, la difficulté est toujours la même : l’ordre du jour est fixé prioritairement par le gouvernement et le nombre de
créneaux dont disposent l’Assemblée Nationale et le Sénat sont beaucoup moins importants que ceux du gouvernent. Il y a deux solutions. La première est d’obtenir de la part du gouvernement de cette loi un statut de consensuelle, et qui s’inscrit dans un but de moralisation de la vie politique. Ou alors, si il n’y a pas d’accord avec un ordre du jour gouvernemental, de profiter des niches
parlementaires et de convaincre mes collègues que cette proposition de loi mérite d’être examinée.

QP On voit, par cet exemple de la charte éthique des élus, qu’il est pratique d’être à la fois maire et sénateur. La loi sur le non-cumul interdira cette situation à partir de 2017. Quel sera votre choix ?

J’ai déjà dit de manière très claire que je ne ne solliciterai pas le renouvellement de mon mandatde sénateur. Je m’appliquerai le non-cumul lorsque la loi sera effective en faisant le choix de la
mairie d’Angers.

QP On sait vos détracteurs très critiques envers votre faible temps de présence au Sénat (12 semaines en 12 mois selon le site nossénateurs.fr, géré par le collectif Regards Citoyens), est-ce que cette nouvelle majorité, ce nouveau départ entraînera une augmentation de votre temps de présence au Palais du Luxembourg ?

Mes statistiques sont publiques et très claires. Je siège au Sénat depuis trois ans. Durant les deux premières années, j’avais un taux d’assiduité qui me plaçait au moins dans la première moitié du classement des sénateurs. Au cours des 12 derniers mois, il y a eu 6 mois de campagne et d’installation à la mairie pendant lesquels j’ai été effectivement peu présent. A partir de maintenant, cela fait six mois que les élections sont passées, les équipes sont installées, je vous invite à regarder dans quelques mois les chiffres sur la réalité de mon activité parlementaire.

Depuis Paris au Sénat , Quentin Pasquiou

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