Vienne
Availles-Limouzine : un projet géant de culture de bambous provoque la colère des habitants

Dans la Vienne, un collectif d’habitants d’Availles-Limouzine s’oppose à un vaste projet de plantation de bambous sur 450 hectares porté par la société Horizom. La SAFER de la Vienne vient de donner son feu vert, ouvrant la voie à une mise en œuvre prévue d’ici la fin de l’année 2025.
Un projet présenté comme durable par ses promoteurs
Selon France Bleu, Horizom assure que la culture du bambou offre une source de revenus complémentaire pour les agriculteurs, tout en produisant de la biomasse sans recours aux produits phytosanitaires. La plante ne nécessite pas de travail du sol et contribuerait, selon la société, à la capture du carbone, participant ainsi à la lutte contre le réchauffement climatique.
Des accusations de “tromperie” environnementale
Pour les opposants, ces arguments relèvent davantage du marketing que de l’écologie. Le président de Vienne Nature, Jean-Louis Jollivet, dénonce une “vaste tromperie” :
« Ce n’est pas simplement anecdotique et localisé dans le Poitou. C’est une combine financière juteuse qui est en train de se mettre en place un petit peu partout. Sur le projet de la Vienne, ce qui nous a révoltés, c’est le côté tromperie sur les émissions de carbone. »
L’écologiste remet en cause l’idée selon laquelle ces plantations capteraient plus de carbone qu’un paysage agricole diversifié composé de cultures, prairies, bosquets et zones humides.
Une opacité pointée du doigt
La SAFER de la Vienne indique être encore dans une phase de vérification administrative des documents du dossier. Elle refuse toutefois de révéler le nom du partenaire financier de la société Horizom, cette dernière ne souhaitant pas le rendre public.
Des inquiétudes autour de la ressource en eau
Le collectif s’inquiète aussi de l’impact hydrique du projet. Jean-Louis Jollivet prévient :
« C’est une monoculture donc ça appauvrit le sol. Cela va, en plus, pomper de l’eau au mauvais moment, c’est-à-dire en plein été, alors que la nappe souterraine de la Croix de Bois est déjà très fragile. »
Cette nappe alimente un captage d’eau potable classé prioritaire dans le schéma Loire-Bretagne.
Un projet soutenu par les orientations nationales
De son côté, la SAFER affirme avoir pris en compte ces préoccupations lors de réunions avec le syndicat gestionnaire de l’eau. Le projet devrait néanmoins aboutir, car il s’inscrit dans la stratégie nationale défendue par l’ex-ministre de l’Agriculture Marc Fesneau visant à développer la production de biomasse, avec un objectif de 1,5 million de tonnes de matière sèche par an, soit 50 000 hectares de bambous cultivés en France.
