Vendée
Vendée Globe : une préparation physique et mentale
Préparation physique, préparation mentale. Benjamin Ferré (IMOCA Monnoyeur Duo for a Job) nous explique comment il a entraîné son corps et sa tête pour ce défi d’une vie.
« J’essaie d’entraîner mon cerveau à prendre du plaisir dans l’effort. La souffrance est éphémère, l’abandon est définitif, me dit mon coach Tanguy Leglatin. Dernièrement, je me suis motivé, sur un coup de tête, pour faire un triathlon : 1,5 km de nage, 40 km de vélo, 10 km de course à pied. Quand j’en bavais vraiment sur la course à pied à la fin, je me disais : là, tu viens de passer le Cap Horn, ce n’est pas maintenant qu’il faut lâcher.
De la même façon, en prépa physique avec le pôle Finistère course au large, j’associe chaque exercice à une manœuvre sur mon bateau. Par exemple, s’il me reste 30 secondes de squat, je me dis : allez, encore 30 secondes d’effort pour hisser le spi en haut du mât ».
Force, cardio et proprioception Plus spécifiquement, il travaille 3 choses : la force (pour porter les voiles et faire les manœuvres), le cardio (car les manœuvres sont très longues, parfois jusqu’à 50 minutes pour un changement de voile) et la proprioception (pour rester lucide sur un bateau qui bouge quand on est fatigué). Par exemple, à la fin d’une séance intensive de renforcement musculaire ou de cardio, il doit tenir debout ou à genoux sur un « BOSU » et tirer des fléchettes dans une cible. Ceci ayant pour but de reproduire une nécessité de précision sur un objet en équilibre, après un effort intensif.Il essaie de faire 2h de sport par jour et de pratiquer pas mal de sports plaisir : surf, wing foil, tennis. Il a aussi un entraînement de 30 minutes tous les jours pour son dos, suite à une grosse opération d’une double hernie transligamentaire, en 2018. « Physiquement, ce qui est le plus dur sur un bateau, je crois que c’est le manque de sommeil. Le plus difficile, c’est de sortir de son pouf ou de sa bannette après 20 ou 40 minutes de sieste pour aller faire une manœuvre, alors que tu rêverais de dormir encore quelques heures de plus. » |
Visualisation, travail sur les émotions, yoga En ce qui concerne la préparation mentale, Pépin pratique « la visualisation, c’est-à-dire faire le tour du monde dans ma tête, les différentes épreuves que je vais devoir affronter. J’essaie de m’imaginer monter au mât en solitaire pour réparer. Je visualise le bateau et ma vie à bord dans de la grosse mer ou beaucoup de vent. Par exemple, si tu as anticipé que dans la tempête, tu as du mal à manger, tu as froid, tu es mouillé, tu te déplaces à 4 pattes, etc. Quand tu te retrouves dans cette situation, tu te dis tout se passe comme prévu : j’ai froid, j’ai du mal à manger, j’ai peur, je me déplace à 4 pattes… donc tout va bien ! J’essaie de travailler sur mes émotions pour ne jamais rien lâcher et me conditionner mentalement pour n’avoir aucun regret à l’arrivée. Me préparer à ne jamais avoir la flemme de fournir l’effort qu’il faut faire ! Enfin, je me suis mis au yoga. Ça me vide la tête. Ça m’assouplit. J’adore ! » |