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ENTRETIEN. Mobilisation des agriculteurs à Angers : « Il faut des réponses, maintenant »

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Angers, le 1er février 2024. Le convoi des agriculteurs circule sur les voies sur berges / Crédit : Angers Info

Même si les routes du département ne seront plus occupées par les engins demain, ce n’est pas une fin en soi pour le mouvement agricole. Les responsables syndicaux prêtent attention aux déclarations politiques et veulent surveiller l’évolution de la situation.

Alors que sur les voies sur berges circulaient des centaines de tracteurs de tout l’Anjou, le président de la FDSEA Emmanuel Lachaize et celle des Jeunes Agriculteurs de Maine-et-Loire Nathalie Pichaud tenaient un point presse au pied du château d’Angers. « Si nous sommes dans la rue aujourd’hui à Angers, c’est qu’il y a un vrai problème aujourd’hui pour le monde paysan, sur au moins deux thématiques : le revenu et la simplicité du métier d’agriculteur, pointait Emmanuel Lachaize. Pour y répondre, nos deux syndicats ont élaboré 140 demandes depuis une dizaine de jours, auprès du Premier ministre et surtout du chef de l’Etat. »

Des paroles aux actes

Evoquant deux thématiques, le revenu et la simplification administrative, Emmanuel Lachaize martelait sa volonté de voir des actes, alors qu’au même moment des paroles sortaient lors de la conférence de presse du Premier ministre Gabriel Attal. « Dire que la souveraineté alimentaire est au-dessus de tout, on l’acceptera uniquement quand on verra les actes. Dans le syndicalisme, on a horreur de l’enfumage. Quand on se fait enfumer, ce qu’il s’est passé depuis des années, on en arrive à la situation d’aujourd’hui. »

Voir sur le long terme

Emmanuel Lachaize veut voir loin pour compléter les mesures jugées court-termistes : « On est extrêmement vigilants sur les annonces faites aujourd’hui en termes de dossiers à moyen et long terme. Les mesures d’urgence annoncées aujourd’hui par le Premier ministre, il n’y a pas de problème. C’est la politique du chéquier. » Voir loin, une vision que partage naturellement son homologue à la tête des JA 49, Nathalie Pichaud : « Toutes ces revendications qu’on a posées, c’est aussi pour répondre au défi de renouveler les générations agricoles. On a besoin d’assurer aux jeunes qu’ils vont pouvoir s’installer sur des structures qui leur permettront de vivre de leur métier, qu’ils peuvent être faire d’exercer leur métier. »

« Aller beaucoup plus loin » sur la simplification administrative

Sur la simplification administrative, grande volonté du monde agricole, Emmanuel Lachaize a dénoncé des annonces décevantes : « Vendredi dernier, le Premier ministre a renvoyé énormément de travail sur le dos des préfets. Sur la simplification, les préfets ont un mois pour savoir toutes les mesures que nous pouvons simplifier. Le Premier ministre a annoncé dix mesures qui vont être prises par décret. Elles sont loin d’être satisfaisantes, il faut aller beaucoup plus loin. »

La garantie d’un refus du Mercosur

Au rayon des revendications des agriculteurs, le refus de l’accord du Mercosur : « On ne veut pas se faire enfumer, martèle Emmanuel Lachaize. Des élus nous disent ne pas voter cet accord, mais quelles garanties avons-nous ? Il faut une expression du président que la France s’opposera à cet accord du Mercosur. C’est ce qui exaspère le plus les agriculteurs, de leur demander des exigences supplémentaires et de laisser rentrer des produits sur le territoire qui ne sont pas produits dans les mêmes conditions. »

Application de la loi Egalim

Sur le sujet hautement sensible du revenu des agriculteurs, auquel l’accord du Mercosur est étroitement lié, Emmanuel Lachaize en attend plus, voulant l’application complète de la loi Egalim : « Il est hors de question que dans les négociations commerciales, la matière première agricole soit négociée. Pour que ce soit respecté, il nous faut des agents sur le terrain, qui contrôlent les contrats entre les différents maillons de la chaîne et prennent des sanctions. C’est du ressort du ministre de l’Economie. Il a confirmé qu’il avait multiplié les agents, mais il faut que ça soit dans le temps. On ne multiplie pas les agents pour un mois, sinon dans huit mois on recommence, et on a autre chose à faire. L’hiver, ce sont les négociations commerciales pour l’année. Si on n’est pas là pour aller vérifier comment ça se passe, ça ne se fait pas. Pour faire plier les grands distributeurs, c’est uniquement la loi qui le fera, ce n’est pas en allant avec les tracteurs devant leur porte. »

Appel du pied au président de la République

A l’heure où la FNSEA et les JA ont appelé à la suspension des blocages, Emmanuel Lachaize voit l’ouverture d’une nouvelle phase du mouvement. « On veut rentrer dans un temps d’expertise et de travail. Il est hors de question que ce mouvement s’enlise. » Et Emmanuel Lachaize de conclure par un nouvel appel du pied à Emmanuel Macron : « Il faut des réponses, maintenant. Sur le revenu, la surtransposition, les distorsions de concurrence, on aimerait une expression du président de la République. » Les propos du chef de l’Etat a Bruxelles, exprimant une opposition ferme au Mercosur et demandant des simplifications, vont sans doute dans le bon sens. Mais des paroles aux actes, il y a un peu plus qu’un simple pas…

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