Vienne
Vêtement solidaire : un circuit encombré dans le Poitou

Dans la Vienne et les Deux-Sèvres, offrir une seconde vie à ses vêtements relève du parcours du combattant : bornes saturées, associations submergées et une grande partie des textiles envoyés à l’étranger sans suivi clair. Face à l’explosion de la fast fashion, les circuits de recyclage et de réemploi peinent à suivre.
Des associations à bout de souffle
David souhaitait faire une bonne action en vidant ses placards, mais s’est heurté à une réalité frustrante. « Les bornes du Relais sont tout le temps pleines, c’est un vrai casse-tête ! » confie-t-il.
La situation se répète un peu partout selon France Bleu. À Parthenay-Gâtine, la Croix-Rouge a dû retirer ses bornes des communes et des déchetteries. À Poitiers, celles du Relais affichent souvent complet. Résultat : de nombreuses structures refusent désormais les dons.
Une production textile ingérable
Pourquoi un tel engorgement ? La faute à une industrie textile en surchauffe. « En quatorze ans, la production textile a doublé tandis que la durée de vie des vêtements a diminué d’un tiers », explique Simon, cofondateur d’Origin, une entreprise de réemploi à Poitiers.
Emmaüs Châtellerault-Naintré est l’une des structures submergées par des montagnes de textiles de mauvaise qualité, souvent impossibles à revendre.
Des tonnes de vêtements sans destination claire
Dans les locaux d’Origin, à Vouneuil-sous-Biard, la collecte et le tri s’intensifient. « On pèse, on trie, on met en rayon… Mais la majorité des vêtements ne trouvera pas preneur en France », résume Simon.
Youssef, responsable du tri, passe en revue les pièces. « Celui-là a une couture abîmée, il part au recyclage. Celui-ci est encore portable, il ira en boutique », détaille-t-il.
Malgré ces efforts, 60 % des habits mis en rayon finissent en ballots destinés à l’export. À Poitiers, sur douze tonnes de vêtements collectés, seuls 20 % sont revendus en France. La moitié des dons part donc au recyclage.
Un destin incertain pour les vêtements exportés
Le parcours des vêtements ne s’arrête pas aux frontières. Une fois expédiés, difficile de savoir ce qu’ils deviennent. « Nous n’avons pas de traçabilité après leur sortie de nos circuits », reconnaît Simon. Beaucoup finissent sur des marchés africains ou dans les pays d’Europe de l’Est.
Ce constat concerne toutes les structures. « Même les associations donnent leurs invendus à des collecteurs-trieurs, et une grande partie part à l’export », précise-t-il.
Moins donner, mieux consommer
Alors, est-il encore utile de donner ses vêtements ? En théorie, oui. Mais en pratique, l’offre dépasse largement la demande. « La fast fashion inonde le marché, avec des enseignes comme Zara, H&M, Shein ou Temu », constate Simon.