Justice

Pas de remise en liberté, finalement, pour le complice des malfaiteurs arrêtés à Corzé après avoir voulu tuer un blogueur azéri à Nantes

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Photo d’archives/REUTERS/Gonzalo Fuentes

La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes a finalement annulé ce vendredi 12 avril 2024 la remise en liberté d’un des membres présumés du commando soupçonné d’avoir tenté d’assassiner un journaliste azéri en mars 2021 à Nantes (Loire-Atlantique) et dont deux complices présumés avaient été arrêtés à la barrière de péage de Corzé (Maine-et-Loire).

Chingiz XXX – un Géorgien de 36 ans soupçonné d’être proche des « Voleurs dans la loi », un groupe de criminels décrit comme « l’élite de la mafia de l’ex-URSS » – était en effet sur le point d’être remis en liberté sous bracelet électronique dans l’Yonne, alors qu’il est pourtant suspecté d’avoir participé à la seconde tentative d’assassinat donc a été victime le blogueur Mahammad Mirzali.

Mais le parquet de Nantes a immédiatement fait appel de cette décision du juge des libertés et de la détention (JLD) : le Géorgien était donc resté en prison dans l’attente du réexamen de son dossier par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes ce jeudi 11 avril 2024.

Pour rappel, Mahammad Mirzali – aujourd’hui âgé de 30 ans – se promenait en journée sur le quai de la Fosse, en bords de Loire à Nantes, lorsqu’il avait été agressé par plusieurs individus arrivés en voiture. Il avait alors reçu des coups de poing, des coups de couteau et de cutter alors qu’il tentait de se réfugier derrière une poubelle. Le blogueur en garde aujourd’hui une entaille à l’arrière de la tête longue de 16 cm.

TROIS TENTATIVES D’ASSASSINAT A NANTES

Cette agression avait poussé les autorités françaises à le placer sous protection policière : cet opposant politique au régime dictatorial d’Ilham Aliyev en Azerbaïdjan a fait l’objet de trois tentatives d’assassinat depuis qu’il a trouvé refuge dans la cité des Ducs de Bretagne.

Chingiz XXX avait pour sa part été placé en détention provisoire le 12 avril 2022. Dans cette affaire, trois autres protagonistes ont été identifiés : deux ont été arrêtés au péage de Corzé, près d’Angers (Maine-et-Loire), alors qu’ils avaient « l’adresse de Mahammad Mirzali dans le GPS ». Un troisième a été « remis par l’Allemagne » où il était incarcéré, a-t-il été précisé ce jeudi 11 avril 2024 en audience publique.

Chingiz XXX a pour sa part adopté la même position « tout au long du dossier » : il dit avoir seulement « hébergé une personne pendant trois à quatre mois ». Au cours d’une « visio-conférence », cet hôte rencontré en Turquie lui avait « demandé d’aller à Nantes vérifier une adresse avant qu’il n’arrive » et lui avait certifié que cette « mission » n’était « pas dangereuse ».

Selon Chingiz XXX, l’homme qu’il hébergeait avait « utilisé sa ligne italienne » et avait expliqué avoir « des amis arrivés à Paris » ayant besoin de « trouver un taxi » pour se rendre en Allemagne… Or, après l’agression de Mirzali, le commando était en effet retourné à Paris pour fuir vers l’Allemagne et Chingiz XXX aurait « négocié » avec un taxi, moyennant un virement de « 200 € ».

AVIS DEFAVORABLE DU SPIP

Ce dernier nie toutefois connaître le blogueur azéri et « les membres du commando » qui ont tenté de le tuer à Nantes. Il a seulement reconnu l’un d’entre eux « sur la visio ». L’homme interpellé en Allemagne soutient pour sa part être venu « à la demande de Chingiz XXX ».

Ces hommes « font partie » des Voleurs dans la Loi, « une mafia d’Europe orientale », a expliqué la présidente lors de l’audience publique qui s’est tenue ce jeudi 11 avril 2024 à la cour d’appel de Rennes. « Ils connaissent les chansons sur Youtube qui vantent leurs mérites », a-t-elle précisé.

En tout état de cause, le juge des libertés et de la détention (JLD) de Nantes avait autorisé la remise en liberté sous bracelet électronique de Chingiz XXX à Villeneuve-la-Guyard (Yonne), chez un « célibataire sans enfant » qui lui prêtait un « clic-clac » dans son salon.

Pourtant, le Service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) – chargé de se prononcer sur la faisabilité technique de l’installation d’un tel dispositif – avait donné « un avis défavorable » à cet hébergement : la « configuration du logement » et « l’attachement de l’hébergeant à ses règles de vie » avaient en effet suscité des « inquiétudes » du service…

« TELEGUIDE DEPUIS L’ETRANGER »

Lors de l’audience à Rennes ce jeudi 11 avril 2024, Chingiz XXX a peiné à convaincre les juges de la chambre de l’instruction de « l’amitié solide » qui le lie à son potentiel hébergeant, puisque ce Géorgien ne parle « pas français » et que son hôte yonnais parle « turc ».

Et pour le parquet général, dans ce dossier d’une « gravité particulière », qui « sort de la norme » puisque l’on parle d’un « commando téléguidé depuis l’étranger pour éliminer un journaliste réfugié en France », on doit avoir « des garanties maximales pour s’assurer qu’il n’y aura ni fuite ni renouvellement de l’infraction ».

Or ce n’était « pas du tout le cas » dans le projet de remise en liberté soumis à la justice : Chingiz XXX n’a « aucun moyen de subsistance », a fait preuve d’une « grande mobilité internationale » avec des séjours en Allemagne, en Turquie, en Pologne, aux Pays-Bas et en Suisse, et enfin parce que la victime est encore « régulièrement menacée ».

« Ma vie est ruinée, je ne pourrai jamais vivre normalement », avait pour sa part déploré le blogueur devant les caméras de France 5 en février 2024, dans le documentaire « France nid d’espions », où son histoire a été retracée. Finalement, Chingiz XXX a donc été maintenu en détention provisoire, puisque la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes a infirmé ce vendredi la décision du JLD./CB

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