Justice

Le « tueur » à gages présumé qui avait été arrêté à Corzé alors qu’il était « aux trousses » d’un journaliste azerbaïdjanais reste en prison

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Reuters- – Le « tueur » à gages présumé qui avait été arrêté à Corzé alors qu’il était « aux trousses » d’un journaliste azerbaïdjanais reste en prison

La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes a maintenu en détention provisoire, ce vendredi 26 mai 2023, un membre présumé de la « bande de tueurs » qui s’est lancée aux trousses d’un jeune journaliste indépendant azerbaïdjanais réfugié en France après avoir critiqué le gouvernement de son pays.

Khayyam XXX, un ancien « instituteur » de 39 ans, avait en effet été arrêté en juin 2022 au péage de Corzé (Maine-et-Loire), près d’Angers : selon son GPS, il se rendait à l’adresse du domicile à Nantes (Loire-Atlantique) de Mahammad Mirzali, qui avait déjà fait l’objet par le passé de plusieurs tentatives d’assassinat sur le sol français.

Ce blogueur avait notamment été agressé le 14 mars 2021 en début d’après-midi sur le quai de la Fosse, à Nantes, par « trois individus » qui lui avaient donné « des coups de couteau et de cutter au visage et aux membres supérieurs », a recontextualisé la présidente de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes.

Ses blessures n’étaient « pas mortelles » mais lui avaient valu une incapacité totale de travail (ITT) de soixante jours en raison de « leur nombre », a-t-il été précisé lors de l’audience publique ce jeudi 25 mai 2023.

DES INDIVIDUS « ARRIVES SPECIALEMENT » EN FRANCE POUR LE TUER

Mahammad Mirzali avait aussi été agressé « devant son domicile » en octobre 2020, et avait « dénoncé » à la police française « début 2021 » les menaces dont il faisait l’objet « sur les réseaux sociaux » suite à ses « critiques sur le gouvernement » de son pays. C’est donc dans ce contexte que deux « individus » étaient « arrivés spécialement sur le territoire français » en juin 2022.

Une enquête avait en effet été ouverte à Angers juste après leur arrestation au péage de Corzé : « un pistolet chargé de six cartouches », « un couteau » et « un traceur GPS » avaient été retrouvés dans la voiture de Khayyam XXX.

Interrogé, cet ancien « instituteur » qui se serait désormais reconverti comme « vendeur de voitures » et qui vivrait « en Pologne » avait certifié être venu en France « pour se promener » et « pour acquérir un véhicule d’occasion ». Concernant l’arme à feu, il l’avait « trouvée dans le pneu de rechange » du véhicule et « voulait s’en débarrasser en la jetant dans un fleuve ».

« Il dit être venu se promener en France mais le souci c’est qu’il vient se promener sur les lieux de l’agression de M. Mirzali », a fait remarquer la présidente de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes à ses deux assesseurs.

« IL VIT JUSTE AVEC UNE BANDE DE TUEURS A SES TROUSSES »

Hasard ou non, un autre automobiliste qui se dit lui « moldave » et « professeur de sport en Turquie » avait lui aussi été arrêté au même moment, mais dans un autre véhicule, au même péage de Corzé.

Un « autre soutien » de ce « commando de tueurs » a lui été trouvé « en Hongrie », a-t-il été détaillé lors de l’audience publique, et un protagoniste a été pris en photo aux côtés d’un chef des « Voleurs dans la Loi », une organisation mafieuse de l’ex-URSS.

En attendant, l’expertise psychologique du journaliste est « assez alarmante » : il est « très très profondément marqué et traumatisé » par ces méfaits. « Son existence s’est un peu figée autour de cette tentative d’assassinat », a résumé la juge.

Pour sa défense, Khayyam XXX a simplement dit lors de l’audience, par le biais de son interprète turcophone, ne « connaître personne dans ce dossier » et être simplement victime des « calomnies » du journaliste. « Ah mais M. Mirzali il ne dit rien du tout : il vit juste avec une bande de tueurs à ses trousses », lui a répondu la présidente de la chambre de l’instruction.

UNE « DIMENSION GEOLOPOLITIQUE » QUI REND L’ENQUETE « PARTICULIEREMENT COMPLEXE »

L’avocate générale, de son côté, avait rappelé que l’instruction de ce dossier avait été « particulièrement complexe compte tenu de sa dimension géopolitique, on ne va pas se mentir ».

En attendant, les « dénégations irréalistes » et les alibis « inexploitables » de Khayyam XXX l’avaient incitée à demandé aux juges de le maintenir en détention provisoire et de rejeter sa demande de remise en liberté.

« On attend l’extradition d’un nouveau mis en cause », avait-elle justifié. « Il faut donc éviter les pressions et que la victime soit à nouveau approchée : aujourd’hui M. Mirzali est en vie, mais le projet criminel est de nature à se poursuivre. »

« Cela fait un an que je suis en détention provisoire, j’ai même maintenant des cheveux blancs », avait quand même insisté le présumé tueur à gages. La présidente de la chambre de l’instruction – qui a elle-même une chevelure argentée – et ses deux assesseurs n’ont toutefois pas été convaincus et l’ont renvoyé sous les verrous le temps de l’enquête./GF (PressPepper)

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