Sarthe
24 Heures Motos : la Yamaha N.7 s’impose au Mans au bout du chaos

Sous une pluie perfide et au terme d’un scénario totalement renversant, la Yamaha N.7 du YART (Yamaha Austria Racing Team) a remporté ce dimanche la 48e édition des 24 Heures Motos sur le circuit Bugatti. Une victoire que l’équipe autrichienne attendait depuis seize longues années, et qu’elle est allée chercher avec bravoure au bout du suspense… et du chaos.
La Yamaha N.7 du YART a remporté dimanche au Mans la 48e édition des 24 Heures motos, manche inaugurale du championnat du monde d’endurance (EWC), son premier succès sur l’épreuve depuis 2009.
Sur le circuit Bugatti rendu piégeux par la pluie, la Yamaha, vice-championne en titre en EWC, a terminé devant la Kawasaki N.11 du Webike Trickstar. La moto gagnante de l’édition 2024, la Suzuki N.1 du Yoshimura SERT, a subi une série de déconvenues samedi et termine sixième.
Une dernière heure sous haute tension
Emmenée par le trio Karel Hanika, Marvin Fritz et Jason O’Halloran, la Yamaha N.7 a arraché la victoire dans les toutes dernières minutes d’une course rendue folle par les caprices de la météo. Longtemps dominée par la Kawasaki N.11 du team Webike Trickstar, la course a basculé à une heure de l’arrivée, lorsque Roman Ramos a chuté dans des conditions détrempées. La Kawasaki, qui avait mené les deux tiers de l’épreuve avec une maîtrise impressionnante, devait alors céder sa première place.
« C’était fou ! » lâchait Marvin Fritz, exténué mais euphorique sur la ligne d’arrivée. « On m’avait déjà dit « on se voit sur le podium », mais je ne voulais rien entendre tant que le drapeau à damiers n’était pas passé. On savait que tout pouvait arriver… et tout est arrivé. »
Au final, la Yamaha s’impose avec une mince avance d’1 minute 37 secondes sur la Kawasaki, tandis que la BMW N.6 de l’équipe ERC Endurance complète le podium.
Des leaders au tapis et des conditions dantesques
Cette édition 2025 a été marquée par une pluie incessante et plus de 150 chutes en 24 heures – un record. Dès le départ, la tension était palpable : la Yamaha N.7 chutait dès le premier tour, la Suzuki N.1 – tenante du titre – tombait à peine dix minutes plus tard alors qu’elle menait la course, et Mike Di Meglio envoyait au tapis la Kawasaki N.11 alors qu’il disposait de trois tours d’avance.
« C’est très cruel », reconnaissait Di Meglio. « Mais on a fait un excellent boulot en début de course. Dans ces conditions piégeuses, tenir sur ses roues, c’était déjà un exploit. »
La remontada du YART
Après sa chute initiale, le YART n’a jamais lâché prise. Tour après tour, relais après relais, la Yamaha N.7 grignotait son retard, revenait dans le jeu, jusqu’à reprendre la tête samedi soir. Une gestion de course exemplaire, renforcée par une belle alchimie entre ses pilotes et une stratégie parfaitement exécutée.
« C’est certainement la course la plus folle que j’ai jamais vécue », admettait Fritz à l’AFP, pour qui c’était la neuvième participation aux 24 Heures du Mans.
Le drame des outsiders
Si la Yamaha N.7 a triomphé, d’autres grands noms de l’endurance ont vécu l’enfer. La Suzuki N.1, après six chutes, termine finalement 6e. Quant à la BMW N.37, elle a vu son podium s’envoler suite à un ennui mécanique dans la matinée de dimanche, perdant une quinzaine de minutes cruciales.
Parmi les 53 équipages au départ – dont 31 en catégorie Superstock – seuls 40 ont franchi la ligne d’arrivée. Et si la BMW N.6 est la seule à ne pas avoir chuté, c’est peut-être le plus bel exploit dans cette course de survie.
L’amertume du Webike Trickstar
Défaits, mais loin d’être abattus, les membres du team Kawasaki Webike Trickstar savourent malgré tout un podium inespéré. « Si on nous avait dit en début de semaine qu’on finirait deuxièmes, on aurait signé tout de suite », confiait Grégory Leblanc. « On a fait une course parfaite… mais Le Mans nous a croqués. »
Un goût amer pour les pilotes françaises
La pluie n’a pas épargné non plus les rares femmes engagées. Mélodie Coignard et Amandine Creusot, au sein de l’équipe AG Racing, ont été contraintes à l’abandon en début d’épreuve, sans pouvoir vraiment défendre leurs chances.