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Les futurs médecins en grève en Pays de la Loire : « On veut soigner, pas subir »

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Le 2 avril dernier, l’Assemblée nationale a voté une nouvelle loi visant à encadrer l’installation des médecins dans les territoires. Une décision qui a provoqué une vive réaction chez les étudiants en médecine et les internes, qui dénoncent une politique inefficace et déconnectée du terrain.

Une réponse jugée inefficace face à la pénurie
Pour Pauline Lhuissier et Victor Larsonnier, vice-présidents du syndicat des internes en médecine générale d’Angers (IMGA), la régulation par la contrainte ne répond pas aux véritables enjeux. « On fait porter la responsabilité de l’accès aux soins aux jeunes médecins, alors que 87 % du territoire souffre d’une pénurie médicale. Le vrai problème, c’est qu’on ne forme pas assez de médecins, pas qu’ils s’installent mal », affirment-ils.

Ils rappellent que dans les pays voisins ou chez d’autres professionnels de santé comme les kinés ou les dentistes, la coercition n’a jamais apporté de solution durable. « Ce sont des mesures démagogiques qui ne marchent pas. »

Des propositions concrètes pour les zones sous-dotées
Depuis plusieurs années, les étudiants avancent des pistes pour encourager les installations dans les zones rurales. Ils préconisent par exemple de développer des antennes universitaires dans les territoires, comme cela a été fait au Mans et à Laval. « Beaucoup d’étudiants quittent leur territoire pour suivre des études. Il faut maintenir le lien avec leur région d’origine, et ça passe par la formation sur place », expliquent-ils.

Autre point d’alerte : l’indemnité de transport, jugée largement insuffisante. « Aujourd’hui, un étudiant en stage touche 130 euros bruts par mois, quel que soit l’éloignement. C’est clairement décourageant pour aller faire un stage en périphérie. »

Former plus, mais avec quels moyens ?
Le gouvernement prévoit d’augmenter le nombre de médecins formés. Mais pour les internes, cela ne peut se faire à moyens constants. « On ne peut pas former plus avec les moyens d’autrefois. Il faut plus de professeurs, plus de personnel, plus de stages », insistent-ils.

Ils appellent à un véritable plan d’investissement dans la formation médicale, qui ne repose pas uniquement sur l’exigence des étudiants et la bonne volonté des médecins formateurs. « La formation se fait avant tout sur le terrain. Encore faut-il qu’il y ait des terrains disponibles. »

Des mesures punitives dans les tuyaux
Les internes redoutent également que d’autres contraintes soient ajoutées lors de la suite des débats parlementaires. Parmi elles, la limitation de la durée des remplacements ou l’obligation de participer aux gardes de nuit. « Un étudiant en médecine termine son cursus à l’approche de ses 30 ans. C’est le moment où sa vie personnelle commence à peine. Est-ce vraiment raisonnable d’ajouter encore des contraintes ? », s’interrogent Pauline Lhuissier et Victor Larsonnier.

Ils estiment que ces mesures risquent de décourager les jeunes générations à s’engager dans un parcours déjà long et exigeant. « Les sacrifices sont déjà nombreux. Ce n’est pas en alourdissant encore la charge qu’on réglera la crise. »

Des départements exemplaires
Malgré les tensions, les internes restent ouverts à la concertation. Ils saluent les initiatives locales, notamment dans la Sarthe et la Mayenne, où les collectivités ont mis en place un accompagnement actif pour les étudiants et les internes. « Ce sont ces dynamiques locales qui peuvent changer la donne. Travaillons ensemble pour trouver des solutions durables. »

Un mouvement de grève et une manifestation annoncés
Pour marquer leur opposition, les syndicats de jeunes médecins ont déposé un préavis de grève illimitée à partir du 28 avril. Une manifestation est également prévue à Nantes, le 29 avril, avec les internes de la Sarthe, de la Mayenne et du Maine-et-Loire. « Il ne s’agit pas de fuir nos responsabilités. Nous voulons simplement une médecine humaine, de qualité, et des conditions de formation dignes. »

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