Justice

« Recruté pour se promener » dans un parc à Vannes, le Tchétchène de Joué-lès-Tours avait pris part à la séquestration de trois Angevins

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REUTERS/Charles Platiau

La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes a rejeté ce vendredi 23 juin 2023 la demande de remise en liberté d’un ressortissant tchétchène de Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire) soupçonné d’être impliqué dans la « séquestration » de trois habitants d’Angers (Maine-et-Loire) dans un parc de Vannes (Morbihan).

« Deux individus blessés » s’étaient en fait réfugiés le 29 juillet 2021 chez un habitant d’Arradon (Morbihan), à qui ils avaient dit avoir été « enlevés » dans le quartier de Kercado. Un troisième avait réussi à « prendre la fuite » et « sera retrouvé » par les enquêteurs, avait-il été rappelé le 6 avril 2023 lors d’une audience de remise en liberté d’un autre protagoniste du dossier.

Les trois auraient été « montés de force » dans un véhicule et « conduits à la campagne », « ligotés et retenus contre leur gré dans un coffre » de voiture. Ils auraient subi « de nombreux coups », notamment « avec la crosse d’un fusil Kalachnikov ». Les ravisseurs auraient également fait « usage de deux armes de poing », et l’un d’eux aurait même « cherché à couper un doigt ».

Un véhicule « incendié » avait été retrouvé « dans un périmètre géographique proche de la découverte » des deux hommes, avait-il été encore dit, et « un témoin » avait entendu « deux explosions en provenance de son parking » le jour des faits.

« AU MOINS DIX TCHETCHENES » DANS L’AFFAIRE

L’Angevin qui avait eu « une profonde coupure à la main » après avoir failli perdre un doigt avait raconté par la suite avoir été frappé par « au moins dix Tchétchènes ». Les ravisseurs s’étaient servis d’une « BMW Série 3 » et d’une « moto », avait-il précisé.

Une perquisition menée chez les suspects avait effectivement permis aux enquêteurs de trouver « des armes semi-automatiques », « un gilet pare-balles », « 900 € en liquide » et un « carnet manuscrit » où étaient consignées des « sommes d’argent », a énuméré ce jeudi 22 juin 2023 la présidente de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes.

Après Magomed XXX le 6 avril 2023, un autre présumé protagoniste du dossier demandait donc à son tour à sortir de prison : Arbi XXX, âgé de 29 ans, continue de contester toute implication dans cette affaire. Lors de son audition devant le juge d’instruction le 11 janvier 2023, il avait assuré avoir été « recruté pour se promener dans un parc à Vannes » mais avait « contesté » avoir pris part à la « sécurisation d’un point de revente de stupéfiants », a résumé la magistrate.

Cet homme qui « vit en couple » à Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire) avec sa femme et son enfant n’avait toutefois pas de garantie de logement à présenter à la chambre de l’instruction si elle venait à le remettre en liberté : il est « menacé d’expulsion pour ne pas avoir payé son loyer pendant sa détention », a confessé son avocate lors de l’audience publique.

SA MERE A « DE GROS PROBLEMES DE SANTE »

Pour autant, sa mère qui vit à Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire), près de Tours, était « prête à l’accueillir » : cela lui éviterait de continuer à faire « des allers-retours à Nantes » où son fils est incarcéré depuis un an et demi alors qu’elle a « de gros problèmes de santé ». Le jeune Tchétchène – qui « doit s’occuper » d’elle – n’a donc « aucune raison de fuir » à l’étranger.

Jusqu’alors inconnu de la justice, Arbi XXX devait toutefois être maintenu en détention, selon l’avocat général : il fallait « éloigner le risque de collusion » avec les autres suspects. « Il est étranger, n’a pas de ressources, pas de profession et pas de projet pour sa remise en liberté… C’est pour le moins problématique », avait résumé le magistrat du parquet général.

Invité à prendre la parole en dernier, le Tchétchène avait toutefois assuré aux juges qu’il « va trouver du travail » une fois sorti de prison et « apprendre la langue le plus vite possible ». Surtout, il « doit s’occuper » de sa « mère malade », avait-il lui aussi insisté. La carte de séjour de dix ans que lui a délivré l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) en 2013 expire au demeurant en octobre 2023, avait-il fait observer à la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes.

Cette dernière a finalement préféré se ranger aux arguments de l’avocat général et a rejeté sa demande de remise en liberté.

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