Justice
Angers : Un homme mis en examen pour avoir blanchi 10 millions d’euros dans le BTP

Un réseau de blanchiment de fonds impliquant des entreprises françaises du BTP a été démantelé. Au cœur de cette affaire, un homme soupçonné d’avoir orchestré un circuit complexe de blanchiment, au bénéfice d’entreprises « peu scrupuleuses », a été mis en examen à Angers pour « blanchiment aggravé », selon la police du Maine-et-Loire.
Une cavale interrompue en Thaïlande
L’homme, qui avait fui en Thaïlande, a été extradé et interpellé jeudi à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle. Placé en détention vendredi, il est accusé d’avoir élaboré un « circuit structuré de blanchiment de fonds », a précisé la direction interdépartementale de la sécurité publique (DIPN) de Maine-et-Loire dans un communiqué.
Selon les données du communiqué, ce système aurait permis de blanchir près de 10 millions d’euros. Une société parisienne serait à l’origine de 2 millions d’euros blanchis via une vingtaine d’entreprises du BTP des Pays-de-la-Loire, tandis que deux sociétés angevines auraient traité respectivement 2 et 6 millions d’euros par le même procédé.
Des pratiques frauduleuses pour éviter les taxes
Ce montage financier permettait aux entreprises impliquées « d’échapper aux taxes sur les sociétés ou de profiter de liquidités pour rémunérer des travailleurs non déclarés ». Les montants étaient dissimulés grâce à des sociétés écrans, chargées de facturer des prestations fictives. « Ce sont des sociétés qui ont pignon sur rue et qui utilisent des sociétés fantoches pour sortir du cash et payer du travail dissimulé », a expliqué Franck Hemery, directeur de la DIPN à l’AFP
Un enrichissement par prélèvement de commissions
Les organisateurs du réseau prélevaient une commission sur chaque opération, contribuant à leur propre enrichissement. Le « minutieux travail » des enquêteurs a également permis d’interpeller, en juillet, deux personnes liées à ce réseau, en possession de 800 000 euros en petites coupures. Ces individus, ainsi qu’une autre personne arrêtée en novembre, ont été mises en examen pour des infractions telles que travail dissimulé, blanchiment aggravé, et fraudes sociale et fiscale.
Une affaire en cours
L’instigateur présumé de ce réseau a été écroué à Angers vendredi, mais l’enquête est loin d’être terminée. « C’est une affaire à tiroirs », a souligné Franck Hemery, indiquant que d’autres protagonistes restent en liberté. « L’enquête se poursuit. C’est une satisfaction d’avoir récupéré l’instigateur auprès des autorités thaïlandaises, mais d’autres devront encore répondre de leurs actes. »