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Jean-Marie Le Pen : La vie tumultueuse d’un tribun de l’extrême droite

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Le fondateur du parti politique d’extrême droite français Front National, Jean-Marie Le Pen, et le membre du parti Bruno Gollnisch assistent à la Convention Nationale sur les élections municipales de 2014, à Paris, France. /Photo prise le 17 novembre 2013/REUTERS/Christian Hartmann

Jean-Marie Le Pen, figure controversée et indomptable de la politique française, s’est éteint mardi à l’âge de 96 ans. Pendant plus de 60 ans, il a incarné l’extrême droite, entre provocations tonitruantes et influence marginale, à l’exception notable de son accession au second tour de l’élection présidentielle de 2002, un choc pour la République française.

Une carrière au service de la controverse

Né le 20 juin 1928 à La Trinité-sur-Mer, dans le Morbihan, Jean-Marie Le Pen a traversé l’histoire politique française comme un baroudeur, aussi redouté pour sa gouaille que pour ses outrances. Fils d’un marin-pêcheur mort en 1942, il revendiquait un patriotisme hérité de son statut de pupille de la nation.

Engagé dans les Forces françaises en Indochine puis en Algérie, Le Pen fit ses débuts politiques auprès de Pierre Poujade avant d’être élu député de Paris en 1956. Mais c’est avec la fondation du Front national (FN) en 1972 qu’il marquera l’histoire, transformant une structure marginale en un acteur clé du paysage électoral français.

Ses provocations, notamment son commentaire sur les chambres à gaz nazies qu’il qualifia de « détail de l’Histoire », lui vaudront de multiples condamnations judiciaires. Malgré cela, il conservera une audience fidèle, faisant du FN une véritable PME familiale.

Le choc de 2002 : Une percée inattendue

L’année 2002 reste le point d’orgue de sa carrière. Qualifié au second tour de l’élection présidentielle face à Jacques Chirac, Le Pen élimine le socialiste Lionel Jospin, provoquant un séisme politique. Ce moment, unique dans l’histoire de la Cinquième République, cristallise le rejet d’une partie de la population envers les élites traditionnelles.

Mais Jean-Marie Le Pen n’a jamais visé le pouvoir, préférant son rôle de « tribun du peuple ». « Je suis celui qui critique, qui dénonce », confiait-il en 2011. Contrairement à sa fille Marine, qui recueillit 41,5 % des voix face à Emmanuel Macron en 2022 et aspire à une victoire en 2027, Jean-Marie Le Pen voyait le FN comme un exutoire des colères populaires plutôt qu’un instrument de gouvernement.

Une dynastie éclatée

En 2011, à 83 ans, Jean-Marie Le Pen cède la présidence du FN à sa fille Marine. Mais la relation entre le patriarche et sa fille dégénère rapidement. En 2015, après une série de propos polémiques, il est exclu du parti qu’il avait fondé. Marine renomme le FN en Rassemblement National (RN) en 2018, cherchant à dédiaboliser le mouvement.

Jean-Marie Le Pen n’a jamais pardonné cette évolution, critiquant sa fille et exprimant sa préférence pour sa nièce, Marion Maréchal, qui rejoindra Éric Zemmour en 2022. « La politique, comme la vie, c’est un combat », aimait-il rappeler, multipliant les références à la boxe pour décrire sa vision de l’arène politique.

Un homme de contrastes

Le « Menhir », surnom qui évoque son enracinement breton, laisse derrière lui une carrière marquée par des succès électoraux mais aussi des scandales personnels et judiciaires. Accusé d’antisémitisme, condamné pour négationnisme, il s’est aliéné une partie de la classe politique tout en conservant une base militante solide.

Ses dernières années furent marquées par des ennuis de santé. En février 2022, il est hospitalisé après un AVC, puis à nouveau en avril 2023 pour un malaise cardiaque. Éloigné de la vie publique, il apporta néanmoins son soutien à sa fille lors de la présidentielle de 2022, tout en conservant une « sympathie » pour Éric Zemmour.

Un héritage controversé

Jean-Marie Le Pen quitte une scène politique qu’il a marquée d’une empreinte indélébile. Défenseur intransigeant d’une certaine idée de la France, il a aussi été un artisan de la polarisation politique. Son influence, directe ou indirecte, continue de façonner le débat public à travers l’héritage du RN et la montée de figures comme Zemmour.

Son parcours, mêlant ambition, provocation et combativité, reflète autant les fractures de la société française que les défis posés par l’extrême droite dans une démocratie moderne. À 96 ans, il s’éteint en laissant derrière lui un héritage complexe, partagé entre fascination et rejet.

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