En Direct
CHU d’Angers : les urgences adultes lancent un cri d’alarme dans une lettre ouverte

Ils sont infirmiers, aides-soignants, médecins, internes, secrétaires médicales et administratives. Une centaine de professionnels du Service d’Accueil des Urgences Adultes du CHU d’Angers ont décidé de prendre la parole publiquement. À travers une lettre ouverte adressée au ministre de la Santé, au directeur de l’ARS des Pays de la Loire, au préfet, au maire d’Angers — également président du conseil de surveillance du CHU — et à la directrice générale de l’établissement, ils dénoncent une situation devenue, selon eux, intenable et dangereuse pour les patients comme pour les soignants.
Une saturation chronique et des patients laissés dans les couloirs
Depuis des mois, ces professionnels alertent leur direction sur les conséquences dramatiques des fermetures de lits d’hospitalisation, en particulier dans les services psychiatriques. Ils assurent la continuité des soins 24h/24, 7 jours sur 7, mais se retrouvent à gérer des situations inacceptables : certains patients attendent parfois plus d’une semaine dans les couloirs des urgences qu’une place d’hospitalisation se libère. Les retards de prise en charge sont devenus la norme, tant en psychiatrie qu’en médecine générale, et les patients sont les premières victimes d’un système à bout de souffle.
Un quotidien de plus en plus intenable pour les équipes
Les équipes décrivent un quotidien accablant, où des patients en soins, sous contrainte ou non, restent plusieurs jours dans un service qui n’est ni prévu ni adapté pour cela, avec parfois recours à des contentions faute de locaux spécialisés. Cette prise en charge lourde, physique et émotionnelle, s’ajoute aux missions premières des urgences, déjà saturées.
Dans le même temps, les soignants doivent faire face à des problèmes logistiques permanents : un accueil surchargé, des doublons de prises en charge dès l’arrivée des patients, le manque d’ambulances internes et externes pour les transferts comme pour les retours à domicile. Résultat : des heures d’attente avant d’être vus par un médecin, avec des conséquences parfois dramatiques sur l’état de santé des patients.
Des demandes claires : des lits, des soignants, des moyens
Dans leur lettre, les soignants ne se contentent pas de dresser un constat : ils formulent une demande précise et urgente. Ils exigent la réouverture immédiate de lits d’aval avec les effectifs médicaux et paramédicaux nécessaires. Ils insistent : ces moyens doivent être à la hauteur des besoins, et non ajoutés à effectifs constants, comme cela a trop souvent été le cas.
Ils rejettent aussi les réponses sécuritaires apportées récemment, comme l’installation de caméras ou le recours à un maître-chien. “Cela ne répond en rien aux besoins fondamentaux des patients ni aux réalités du terrain”, écrivent-ils. Ils alertent également sur les conséquences que pourraient avoir certaines mesures sur les autres services, notamment le CESAME, déjà en tension.
FO dénonce une politique de santé organisée dans la pénurie
Le syndicat FO du CHU d’Angers relaie cette mobilisation et désigne clairement les responsables : les gouvernements successifs et leur politique de réduction des lits, de rationnement des dépenses de santé, et de quotas de formation qui ont organisé la pénurie de soignants. Pour FO, le budget 2025 adopté par le recours au 49.3 est un nouveau coup porté à l’hôpital public.
“Nous refusons de continuer ainsi”
“Nous ne pouvons plus travailler dans de telles conditions et refusons de continuer ainsi. Il est urgent d’agir. La santé et la sécurité des patients comme des soignants sont en jeu”, concluent les soignants dans leur lettre ouverte datée du 18 avril 2025.
Leur appel est clair, déterminé et adressé à ceux qui, à leurs yeux, détiennent les leviers d’action. Reste à savoir s’il sera enfin entendu.