Sante
Le CHU d’Angers reste pleinement mobilisé pour l’été : « On ne renonce à aucun soin urgent »

Malgré la baisse d’activité habituelle liée à la période estivale, le CHU d’Angers affiche une organisation renforcée pour traverser l’été. Si l’effectif est logiquement réduit par les congés, les équipes ont anticipé les tensions avec un mot d’ordre clair :assurer la continuité des soins, tout en garantissant le repos des agents.
Une activité maintenue, des lits ouverts
Du côté des capacités hospitalières, la situation reste stable , comme l’a précisé la direction : « En médecine, nous maintenons 85 % de lits ouverts, en chirurgie 80 %, et en soins de suite (médecine et réadaptation) 83 % ». Ce maintien du capacitaire s’explique en partie par le succès des recrutements estivaux, qui ont permis de renforcer les effectifs d’infirmiers, même si certains services comme la gériatrie restent plus fragiles.
Le CHU a aussi ajusté ses organisations internes pour faire face. Certains services, comme la neurochirurgie ou la gériatrie, passent à des horaires en 12 heures. « Ce sont des adaptations ciblées, en fonction des contraintes du terrain », précise-t-on. Le recours aux remplacements, aux heures supplémentaires et aux ajustements horaires fait partie du dispositif.
Face à la fermeture de la clinique, les urgences s’adaptent
La principale nouveauté cette année vient de l’anticipation des fermetures extérieures, notamment celle de la clinique de l’Anjou. Cette fermeture, connue dès le printemps, a permis au CHU d’adapter son service d’accueil des urgences. Un troisième urgentiste est désormais présent chaque soir, de 18h30 à 8h, pour renforcer les prises en charge.
Une cellule de crise sera activée chaque semaine, prête à passer en mode renforcé si nécessaire. En cas de surcharge ponctuelle, des ajustements en temps réel seront possibles.
“Nous sommes prêts. Ce n’est pas une situation nouvelle, mais nous avons cette fois pu nous organiser à l’avance.”. Une citation en référence à la fermeture estivale des urgences de nuit de la clinique de l’Anjou.
« Pas de renoncement aux soins »
Le CHU souhaite surtout rassurer la population , les soins, qu’ils soient vitaux ou qu’ils s’agissent de suivis chroniques, les pathologies lourdes ou les interventions liées aux cancers sont maintenus . Le CHU appelle cependant à un usage raisonné des urgences : « Ce n’est pas une bonne idée de venir aux urgences à 2h du matin pour une angine. Mais il ne faut pas non plus que les patients hésitent à consulter pour des besoins réels. L’hôpital reste ouvert, prêt à accueillir. La population ne doit pas se censurer »
Tension persistante en psychiatrie
Le point de vigilance majeur concerne la psychiatrie, qui subit une pression croissante. La direction évoque une hausse continue des passages aux urgences pour motifs psychiques, en lien avec la crise post-Covid, mais aussi à cause des fermetures de lits dans les établissements du territoire. Conséquence directe : 15 à 20 patients se retrouvent parfois à attendre plusieurs jours aux urgences, faute de lits disponibles en aval. « Cette situation est éprouvante, pour les patients comme pour les soignants. »
Pour y répondre, le CHU a renforcé son dispositif psychiatrique avec une garde médicale 24h/24, un interne dédié et douze infirmiers spécialisés. Un secteur psychiatrique a été structuré au sein des urgences pour éviter que les patients ne soient dispersés dans les autres espaces.
Une filière psychiatrique renforcée
Un projet de SAS psychiatrique, financé par l’Agence Régionale de Santé, est également à l’étude. Ce dispositif, inspiré du système déjà en place pour les urgences médicales générales, permettra de réorienter les appels via le 15 vers des soignants spécialisés. « L’idée est de désengorger les urgences et de proposer une évaluation rapide, parfois sans passage à l’hôpital. »
La pédopsychiatrie n’est pas épargnée. Faute de lits spécialisés, certains enfants sont hospitalisés en pédiatrie classique, dans des chambres non adaptées. Pour améliorer leur prise en charge, une équipe mobile spécialisée est en cours de constitution, avec le soutien de l’ARS. « Les équipes pédiatriques ne sont pas toujours formées à ces situations. Il faut leur apporter du soutien. »
Un été sous contrainte budgétaire
Côté finances, le contexte reste tendu. L’État n’a pas levé la réserve budgétaire (le « dégel »), et le CHU affiche un déficit, comme beaucoup d’autres établissements. Un déficit que la direction relativise, pointant une faiblesse dans la valorisation des actes médicaux, plus qu’un défaut de gestion. Le CHU et ses praticiens ne codifient pas à leur juste valeur les diagnostics et les actes réalisés (soins, examens) , codage conditionnant le financement par l’Assurance maladie.
« Nous faisons bien notre travail médicalement, mais nous ne sommes pas assez bons pour le faire reconnaître administrativement. Si nous atteignons le niveau moyen des CHU français en matière de codage, nous pourrions combler notre déficit », explique la direction, qui met actuellement l’accent sur ce chantier stratégique.
Des projets qui avancent malgré tout
Malgré les contraintes budgétaires, les projets structurants ne sont pas remis en cause. L’ouverture du centre d’enseignement et de soins dentaires est prévue à la rentrée. D’autres initiatives médicales, portées par les praticiens du CHU, sont également soutenues. « Nous avons la chance d’avoir des équipes très investies. Pour pouvoir continuer à accompagner leurs projets, nous devons absolument maîtriser notre trajectoire financière. »
Un hôpital toujours prêt
L’été est donc loin d’être une saison creuse au CHU d’Angers. Si des ajustements sont nécessaires, l’établissement reste en capacité de répondre à l’ensemble des urgences médicales et psychiatriques. Le message est clair : l’hôpital ne ferme pas, les soignants restent mobilisés.