Justice

Le site d’extrême-droite Breizh-Info et le fondateur de l’Alvarium jugés pour injure raciste sur un ancien journaliste d’Angers

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Le tribunal correctionnel de Rennes a jugé ce jeudi 23 novembre 2023 le fondateur du site Breizh-Info, son journaliste ainsi que le « porte-parole » de l’Alvarium pour « diffamation » et « injure » à caractère raciste à l’encontre d’un journaliste d’Ouest-France à Angers (Maine-et-Loire). 

Le site d’extrême-droite identitaire angevin fondé en 2013 par Yann Vallerie – l’ancien président du mouvement identitaire Jeune Bretagne – avait en effet pris l’habitude de critiquer nommément les chroniqueurs judiciaires angevins du quotidien régional. Il leur reprochait en particulier leur traitement de l’actualité autour de L’Alvarium, un « groupement de fait » d’extrême-droite à Angers dont la dissolution vient d’être confirmée par le Conseil d’Etat jeudi 9 novembre 2023

Josué. XXX avait été particulièrement pris pour cible à l’occasion d’une interview de Jean-Eudes XXX, le fondateur de l’Alvarium, dont le local de la rue du Cornet a été fermé jusqu’à nouvel ordre par un arrêté municipal après les violences commises au lendemain de la mort du jeune Nahel et pour le non-respect des normes de sécurité.

Le média d’extrême-droite avait notamment publié un article – qui n’a jamais été dépublié – dans lequel Jean-Eudes XXX accusait le journaliste angevin de passer son temps à « écrire (…) des articles anxiogènes et à la limite de la diffamation ». Le fondateur de l’Alvarium relevait aussi ses « considérations politiques d’extrême-gauche » et ses « liens avec les antifas ».

DES PROPOS « TROP GRAVES » ET « INSUPPORTABLES »

« Sans doute se rêve-t-il en Sartre qui « prenait la plume pour une épée » Sauf qu’à force de relayer grossièrement la propagande de l’extrême-gauche, notre plumitif guadeloupéen jette des sagaies vers son propre camp », avait même déclaré le fils de Pascal Gannat, ancien chef de cabinet de Jean-Marie Le Pen et chef de file du groupe FN à la région Pays de la Loire.

Cette citation a donc valu au directeur de publication du site d’extrême-droite, à l’auteur de l’article et au fondateur de L’Alvarium une convocation devant le tribunal correctionnel de Rennes pour « injure publique en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion » et « diffamation envers particulier ».

« La question de déposer plainte ne s’est pas posée car les propos en cause sont trop graves, désagréables et insupportables », a d’emblée précisé Me Emma Vermandel, l’avocate de Ouest-France et de son journaliste.

« On ne peut pas accepter, en France, en 2023, qu’un journaliste soit injurié », a poursuivi l’avocate rennaise au cours de l’audience, où ni le journaliste de Ouest-France ni les trois prévenus n’étaient présents. « Ces passages remettent en cause sa déontologie, sa crédibilité, ses compétences. Ils sont attentatoires à l’honneur, la réputation [du journaliste] mais aussi de Ouest-France », a poursuivi Me Emma Vermandel pour caractériser l’existence du délit de « diffamation publique ».

OUEST-FRANCE, UN « JOURNAL MONOPOLISTIQUE BIEN ASSIS DANS TOUTE LA REGION »

Philippe Le Grand et Yann Vallerie, les responsables du site, considéraient pour leur part qu’ils devaient être mis hors de cause car il s’agissait de « propos tenus lors d’une interview ». Ils étaient représentés à l’audience par Me Frédéric Pichon, un avocat parisien présenté par Le Monde comme « une figure du Printemps français », un mouvement classé à l’extrême-droite.

« Ouest-France, c’est le journal monopolistique bien assis dans toute la région qui n’accepte pas qu’il y ait des manants, des gueux, qui, eux, ne viennent pas appeler à voter contre Marine Le Pen au second tour », a lancé cet ancien responsable du Groupe Union Défense (GUD), un syndicat d’étudiants d’extrême-droite. Sur le fond, l’avocat de la défense juge que les propos en cause relèvent d’une simple « opinion » qui « n’excède pas les limites admissibles de la liberté d’expression ». 

« J’ai le droit de dire que ce journal est partisan, de gauche et que [le journaliste] est partial dans ses articles », a-t-il aussi fait valoir. Il en veut pour preuve les « nombreux tweets » de ce « militant wokiste » qui « joue à la vierge effarouchée ».

Le tribunal correctionnel de Rennes, qui a mis sa décision en délibéré, se prononcera dans un mois. « Si on est condamnés, on ira jusqu’à la Cour de cassation », a d’ores et déjà prévenu l’avocat du site d’informations.

Pour rappel, Jean-Eudes XXX a déjà été condamné pour « diffamation » à l’encontre d’un adjoint au maire de Trélazé : il avait accusé Izzet Albayrak de profiter de son mandat pour privilégier les entreprises turques dans les marchés publics./CB

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