Justice
La justice fait « œuvre de clémence » à l’égard d’un jeune Angevin à la rue depuis ses « 13 ans et demi » et qui recherchait un endroit pour dormir.
Un jeune originaire d’Angers (Maine-et-Loire) a été reconnu coupable ce mardi 28 novembre 2023 de « dégradation du bien d’autrui en récidive » après avoir forcé le 12 avril 2021 une porte de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) de Loire-Atlantique, à Nantes, afin de trouver un endroit pour dormir.
Agé aujourd’hui de 21 ans, Antoine XXX a en effet quitté le logement familial « depuis l’âge de 13 ans et demi » quand sa mère a « voulu l’interner » en psychiatrie, a expliqué son avocate.
Après avoir été un temps pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) et placé dans des hôtels, cet ancien élève de Saint Aubin La Salle, collège-lycée privé de Saint-Sylvain-d’Anjou (Maine-et-Loire), est à présent détenu : il a été condamné par le tribunal correctionnel d’Angers pour des « vols » et des « escroqueries ». Son casier judiciaire porte ainsi trace de sept condamnations depuis 2021.
« Quand on n’a pas d’argent, on se demande tous les jours où on va s’habiller, où on va se laver, où on va manger… Forcément, on fait des bêtises », a-t-il dit. « Si je trouve une situation stable, ce ne sera plus le cas : je saurai où dormir. »
« SI CA SE TROUVE, C’ETAIT DU DOUBLE VITRAGE TRES CHER »
Mais « heureusement que toutes les personnes qui sont à la rue ne vont pas péter la première porte qui leur tombe sous la main », a répliqué le procureur de la République. « Si ça se trouve, c’était du double vitrage qui coûtait très cher… En plus, dix jours plus tôt, monsieur avait accepté une peine pour de précédentes dégradations ! ».
Reste que cette peine n’était toutefois « pas définitive » le jour où le jeune homme avait fracturé la porte de la DDTM à Nantes, selon la défense, puisqu’il avait encore la possibilité d’en faire appel.
Il avait donc demandé à ce que ce jeune « qui a agi par facilité » et « au sens moral affaibli à l’époque » soit condamné à accomplir quatre semaines de travail d’intérêt général (TIG) au profit d’une association ou d’une collectivité à sa sortie de prison : s’il ne s’y pliait pas, le jeune détenu se serait exposé à purger quatre mois d’emprisonnement supplémentaires.
L’avocate de la défense, elle, avait commencé par dire que la situation de son client lui « inspire une grande tristesse » à chaque fois qu’elle le voit : elle le « connaît bien » pour le suivre depuis ses 15 ans.
« LES ENFANTS QU’ON PLACE A L’HÔTEL, ON LES RETROUVE AU TRIBUNAL »
« Il a l’intelligence et avait un foyer à peu près équilibré avant que les choses ne se dégradent », a expliqué Me Isabelle Oger-Ombredane, avocate du barreau d’Angers spécialisée en droit pénal et droit des enfants. « Son discours n’a jamais été de dire que c’est de la faute des autres, mais moi j’ai envie de dire que ça l’est un peu quand même », a-t-elle ajouté.
« Sa mère a déposé des tonnes de plaintes contre lui, dont beaucoup ont été classées, car c’était du grand délire… Son père a aussi été violent quand il était plus jeune », a détaillé l’avocate angevine. « Les enfants qu’on place à l’hôtel, on les retrouve au tribunal. » L’avocate de la défense avait donc demandé au tribunal de « faire œuvre de clémence » envers son jeune client.
Le juge l’a entendue : s’il a reconnu le jeune Angevin coupable de ces « dégradations », il lui a simplement ordonné de ne plus revenir pendant les deux prochaines années au 10 boulevard Gaston-Serpette à Nantes, c’est-à-dire les locaux de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) de la Loire-Atlantique.
Cette « peine alternative à l’emprisonnement » s’explique « par le contexte de commission des faits », par le fait que son casier judiciaire était à l’époque encore vierge et « compte-tenu des projets » qu’il a exposés à l’audience pour se réinsérer et « dans lesquels le tribunal vous encourage à persévérer », a dit le président./GF