Angers
Près d’Angers, rencontre avec l’un des meilleurs bouchers de France

À seulement 27 ans, Jean-Charles Beunier, boucher des Garennes sur Loire, a été désigné lauréat du 27ème concours du Meilleur Ouvrier de France. Rencontré sur son lieu de travail, il revient sur cette expérience exceptionnelle.
Trois ans de préparation
Si une est chose est sûre, c’est que Jean-Charles Beunier n’a pas obtenu le titre de Meilleur ouvrier de France par hasard. Atteindre cet échelon ne lui a pas demandé moins de trois années de préparation au travers de différents stages et de nombreuses heures de travail personnel : « On vient au boulot sur le repos pour désosser, pour parer, pour éplucher… de façon à réussir à avoir quelque chose de parfait », explique celui qui a passé une grande partie cette année derrière l’étal, de 6h à 20h, du lundi au dimanche. Cette motivation sans faille a payé : Jean-Charles Beunier est devenu le premier MoF en boucherie issu du département de Maine-et-Loire et cela à son premier essai. Un véritable exploit.

Le concours UMOF, qui s’apparente beaucoup à un examen, est tenu tous les quatre ans depuis 1924 et récompense l’excellence française dans de nombreux métiers. En boucherie, il prend la forme d’une première sélection écrite et pratique de laquelle ressortent quelques finaliste. S’ensuit une épreuve de neuf heures pendant laquelle sont jugés non seulement la qualité de la viande et la multitude d’étapes nécessaires à la préparation de cette dernière (du désossage au piquage, en passant par le parage, l’épluchage, le piéçage, le ficelage, le bardage, le lardage…), mais aussi la posture de l’artisan, son attitude, la propreté générale et le côté artistique de sa présentation. Sur les 47 bouchers qui ont participé à cette 27ème édition du concours UMOF, 13 ont passé les sélections et 6, dont Jean-Charles Beunier, ont été nommés Meilleurs ouvriers de France.

Une équipe très présente
Bien que cela n’enlève rien au mérite personnel, atteindre ce niveau requiert également d’être bien entouré. Pour Jean-Charles Beunier, « une épreuve comme ça, c’est impossible à réussir tout seul : il faut des gens qui te forment, des gens qui ont confiance en toi, des collègues capables de prendre ton poste quelques temps… ». Soutenu dès le début par tout son entourage, il précise qu’il ne serait jamais arrivé aussi loin sans sa famille et sa compagne Anaïs, mais aussi son équipe au complet, aussi bien collègues que patrons.

Une véritable usine à talents
Située dans l’enceinte du commerce de l’espace Chambretault, à Juigné-sur-Loire (qui depuis quelques années forme avec Saint-Jean-des-Mauvrets la commune des Garennes sur Loire), la Boucherie des Bords de Loire a deux mots d’ordres : qualité et proximité. La moyenne d’âge y est d’à peine trente ans et une dizaine d’employés y côtoient quatre apprentis. Afin de les accueillir, Philippe Guiet, un des co-gérants de la boucherie, explique qu’ils ont dû « changer de façon de faire ». Le soutien, l’accompagnement et l’environnement de travail qu’ils ont pu trouver à cet endroit ont, semble-t-il, porté leurs fruits. Le jeune Arthur, arrivé cette année premier au concours départemental du Meilleur Apprenti ou Noa Goujon, arrivé lui sixième au niveau national peuvent en témoigner. Peut-être suivront-ils les traces de Jean-Charles Beunier en devenant eux aussi Meilleurs Ouvriers de France… En attendant, il semble clair que la plupart des habitants des Garennes savent où acheter leur viande et charcuterie pour cette fin d’année et plus tard.
Bientôt une nouvelle aventure
La Boucherie des Bords de Loire est en ce moment en période de rachat, mais les clients n’ont pas à s’inquiéter car rien ne va changer pour eux. Il s’agit d’une transmission suite à un départ à la retraite et les nouveaux propriétaires ne seront autres que d’anciens salariés de l’établissement, dont Philippe Guiet, qui y travaille depuis 1994. Jean-Charles Beunier, lui, quittera bientôt l’établissement : c’est une aventure qui s’achève, mais une autre qui va très prochainement débuter avec l’ouverture d’une boutique dans le centre ville d’Angers.
Jean-Charles Beunier pourra revêtir l’emblématique col tricolore après la cérémonie de remise des prix qui aura lieu à Paris au mois de mai prochain. À ce moment, il rejoindra les quelques 85 bouchers nommés Meilleurs ouvriers de France depuis la création du concours et représentera l’excellence nationale au même titre que Paul Bocuse, Joel Robuchon ou Philippe Etchebest dans leur domaine.